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Culture

Suggérer, entre chien et loup

Le photographe Luca Etter signe un travail en immersion entre prison et police de sûreté. Son livre sera verni mercredi à Fribourg

Au premier regard, il y a bien sûr l’arme. Mais si l’on prend le temps de regarder l’image du photographe Luca Etter, il y a surtout cette ombre, menaçante, fascinante.

 Aurélie Lebreau

Aurélie Lebreau

26 juin 2020 à 19:54

Temps de lecture : 1 min

Parution » Dans ce moment particulier où il ne fait plus jour mais pas encore nuit, où l’on pourrait prendre un chien pour un loup, certains aiment à s’épanouir. C’est le cas du photographe Luca Etter – également collaborateur à La Liberté et professeur à eikon ainsi qu’à l’Académie de Meuron, à Neuchâtel. Il signe un très bel ouvrage, Entre-deux, mi-roman graphique, mi-documentaire, mi-policier, mi-maton, qu’il vernira en public mercredi soir à l’Espace Jean Tinguely - Niki de Saint Phalle, à Fribourg.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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L’artiste, qui ne redoute pas les défis, s’est ainsi immergé dans les arcanes de la Police de sûreté fribourgeoise et à la prison de Bellechasse afin d’y effectuer un travail au long cours dans un univers, celui du (non) droit et de la justice, qui le fascine. «Il y a assez de sujets régionaux autour de nous pour gratter», relève-t-il, enthousiaste. Et pour en tirer une substance universelle, serait-on tenté de compléter. Car l’ouvrage de l’artiste – dont Ann Griffin signe le graphisme sobre et juste, elle qui a également réalisé la mise en page du très beau Culs de ferme de Jean-Luc Cramatte – aurait pu paraître à Vienne ou Toronto.

Pas de sensationnel

Aiguillonné par deux amis actifs au sein de la police de sûreté qui se porteront d’ailleurs garants de sa démarche, Luca Etter fait une demande à la police afin de pouvoir la suivre. «Elle m’a accordé une totale confiance, alors même que ma requête n’est pas courante. Il arrive que des journalistes la suivent une journée. Mais moi j’y suis allé plusieurs fois durant deux années! De mon côté, je me suis engagé à ne garder aucune photo qui n’aurait pas convenu aux forces de l’ordre.» Pareil pour la prison, dont il a pu visiter chaque unité.

Sur le terrain ou en piquet, le photographe se fond dans le paysage. «Parfois il ne se passait rien, mais ce n’était pas un problème pour moi car je n’étais pas en quête de sensationnel.» Et de fait, le travail qu’a livré Luca Etter brille par sa sobriété. Pas de corps ni de flaques de sang, à peine quelques gouttes au détour d’une page. Très suggestif dans son approche, Luca Etter signe des images où l’on ne distingue pas toujours les visages, les expressions. Se trouve-t-on dans les locaux de la police ou dans la prison? Regarde-t-on un homme assermenté ou au contraire quelqu’un purgeant une peine?

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