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Haute culture

Sous la Flüela, l’art et l’Inn

En Basse-Engadine le Muzeum Susch, danseuse de la milliardaire polonaise Grazyna Kulczyk, est dévolu à l’art contemporain, avec une inclination pour les artistes femmes et les créateurs d’Europe de l’Est.

Une vue extérieure du Muzeum Susch, au bord de l’Inn. Puis de gauche à droite et de haut en bas, Flock I de Magdalena Abakanowicz, une empreinte en latex d’une salle du Sanatorium Bellevue à Kreuzlingen ainsi que le costume de libellule, Dragonfly Lust, d’Heidi Bucher et enfin Narcissussusch de Miroslaw Balka.

 Aurélie Lebreau

Aurélie Lebreau

30 juillet 2022 à 04:01

Haute culture (4/7) » Pendant tout l’été, La Liberté prend de la hauteur pour arpenter les lieux d’art et d’altitude

Il faut résolument dépasser Davos, franchir le col de la Flüela et redescendre souplement vers la Basse-Engadine, au rythme des virages en épingle, pour commencer à sentir cette promesse sauvage. Car tout près se tapissent les loups, planent les gypaètes barbus et s’aventurent les ours: le Parc national suisse, époustouflant de beauté, n’est qu’à une encablure. Au fond de la vallée, encore à plus de 1400 mètres d’altitude, la route du col achève sa course à Susch. Ce village, on l’imagine paisible, dédié à la montagne et à la nature souveraine. Ce serait ignorer, en son centre, un ensemble de bâtiments anciens entièrement rénovés et couronnés d’une tour de marbre étincelant, Tuor per Susch (2020), œuvre de Not Vital, artiste à la renommée internationale né en Basse-Engadine. Ainsi depuis janvier 2019, la petite localité est devenue un repaire d’art contemporain avec l’ouverture du Muzeum Susch.

 «Je n’aime pas les choses faciles.»
Grazyna Kulczyk

Une folie – édifier un musée dont la surface d’exposition égale celle du mudac, le nouveau musée de design de Plateforme 10 à Lausanne, dans ce coin reculé d’Helvétie enchâssé entre l’Autriche et l’Italie – que l’on doit à la collectionneuse et milliardaire polonaise Grazyna Kulczyk. Elle a fait de ce village méconnu l’épicentre de sa passion pour l’art. «C’est peut-être bien une folie», admet-elle en riant, dans son bureau boisé où elle vient normalement travailler tous les jours, dimanches inclus, toisant le rideau de montagnes enveloppant son royaume. Mains manucurées, coiffure parfaitement maîtrisée et mots pesés, tantôt en polonais – son compagnon se faisant alors traducteur –, tantôt en anglais, l’énergique septuagénaire admet qu’installer un musée à Susch était «un challenge. Mais je n’aime pas les choses faciles», balaie la femme d’affaires.

Une source coule

S’établir à Susch – elle vivait avant à Tschlinn, tout au fond de la vallée, à la frontière avec l’Autriche – en fait partie. «Toute ma vie était concentrée sur les grandes villes. Venir en Engadine constitue donc une nouvelle étape dans mon existence. Les villes me manquent, ma famille et mes amis aussi, mais j’ai trouvé des gens importants pour moi ici et je m’y sens finalement très bien.» A force de ténacité, celle qui est née à Poznan en 1950, à l’ouest de la Pologne, a fini par gagner le respect des habitants de la vallée. Elle y a mené un chantier gigantesque, dont elle tait le coût, avec les architectes Chasper Schmidlin et Lukas Voellmy et des entreprises locales. Des milliers de tonnes de roche ont été excavées pour relier, sous une route, un ancien monastère médiéval et une vieille brasserie qu’elle a acquis et qui forment l’institution qu’elle dirige. Et surtout pour construire des salles d’exposition souterraines – les bâtiments étant classés, il était impossible d’en modifier la structure.

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