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Scènes

Les arts, de forêt en forêt

La Forêt des arts fête ses dix ans. Le concept devient itinérant. Interview de son créateur, Emmanuel Dorand

Emmanuel Dorand dans le bois de Saint-Jean à Fribourg, là où l’aventure de la Forêt des arts a commencé.

 Stéphanie Schroeter

Stéphanie Schroeter

12 juin 2019 à 19:51

Fribourg » La recette est simple et légère mais c’est sans doute cela qui la rend délicieuse et efficace. Un coin de verdure, du cirque, des histoires, de la magie et une bonne dose de théâtre. La Forêt des arts fête cette année ses dix ans d’existence. Un anniversaire qui aura lieu dimanche dans le bois de Saint-Jean à côté du collège Sainte-Croix à Fribourg. L’occasion de revenir sur une décennie de spectacles offerts au public en pleine nature et surtout sur son avenir car la recette va être modifiée… Le point avec son inventeur, le comédien fribourgeois Emmanuel Dorand.

Comment est né le projet de Forêt des arts?

Emmanuel Dorand: J’ai imaginé le concept quand j’avais 15 ans. Je rêvais alors d’organiser un événement artistique en plein air. J’avais 6 ans la première fois que j’ai mis en place un spectacle de rue. Je jouais de la trompette sous les balcons. Donc à 15 ans, j’avais présenté mon idée à la ville de Fribourg qui était de créer un spectacle près du barrage de la Maigrauge mais, comme c’était une zone de silence, je n’ai pas reçu l’autorisation.

Et quinze ans plus tard, vous mettez en place la première édition au bois de Saint-Jean à Pérolles cette fois…

A 30 ans, j’ai remis le projet en route. J’en ai parlé à deux amis, Mélanie Dick et Bertrand Zamofing, avec lesquels nous avons créé la Forêt des arts. Je m’en occupe seul depuis cinq ans.

Quel était le but?

Promouvoir les arts de rue et de la scène dans un lieu magique. Créer un nouveau rapport entre le public et les artistes. Enlever les barrières, laisser la liberté. Comme ça se passe dans la rue, en fait. Ce truc de la rue, je l’ai dans les veines je crois! J’ai fait des stages de théâtre itinérant, je donne des cours aussi. Et puis surtout on m’a trouvé dans la rue à Calcutta en Inde avant l’orphelinat et que je sois adopté par mes parents…

« J’aurais aimé faire venir un éléphant! Là, ça aurait vraiment ressemblé à un cirque! »

Emmanuel Dorand

Cette dixième édition est la dernière du genre. Pour quelles raisons?

Je n’ai plus envie de continuer de cette manière. Nous avons offert la Forêt des arts pendant dix ans au public, à la ville de Fribourg à laquelle nous n’avons jamais demandé de subvention et cela par choix afin de garder une certaine liberté. Mais les autorités nous soutiennent quand même. Le syndic, Thierry Steiert, viendra d’ailleurs remettre le Prix Coup de cœur dimanche. Je voulais absolument garder l’esprit du théâtre de rue, du théâtre populaire et donc offrir la gratuité en proposant des collectes au chapeau.

Le fait de ne pas payer d’entrée est un gage de succès pour une manifestation?

Ça marche très bien, c’est vrai. Plus de 700 personnes en moyenne ont assisté à chaque édition dont la durée est de seulement quatre heures.

Le chapeau, ça rapporte?

Oui. Il permet un accès libre. S’il ne doit pas payer d’entrée, le public vient plus facilement. En voyant les spectacles, il met ce qu’il veut dans le chapeau. En principe, le public est très correct! La liberté fait vraiment la différence!

Quel est l’avenir de la Forêt des arts?

Elle deviendra un événement itinérant à qui souhaite l’organiser, que ce soient des privés ou des collectivités publiques. Elle se déplacera sur mandat de forêt en forêt et fonctionnera un peu comme un cirque.

Vous avez déjà des demandes?

Elle risque de partir en Espagne ou en France sans doute l’année prochaine. Je donne des stages de théâtre au Pays basque et j’y ai des contacts.

En une décennie, l’accès à la nature a-t-il évolué?

Non. Nous avons toujours demandé une autorisation. Mais il n’y a pas vraiment de limite car nous n’avons pas d’installation, ni d’artifice technique, c’est le but. La programmation est d’ailleurs faite en fonction de ces contraintes. Les arts s’adaptent à la forêt et non l’inverse!

Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé faire dans cette forêt que vous n’avez pas pu réaliser?

Faire venir un éléphant! Là, ça aurait vraiment ressemblé à un cirque!

» Di 14 h-18 h 30 Fribourg

Bois de Saint-Jean. Détails à l’agenda. Entrée libre. Collecte au chapeau. Sous les préaux du Collège Sainte-Croix en cas de pluie. Infos sur www.lesdebrouillarts.ch

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