Au théâtre, oser l’émotion

Portrait » S’il fallait résumer ce qui nous impressionne le plus chez elle, ce serait sa détermination. Sa foi dans le théâtre aussi, comme si c’était encore le premier jour. Et son charisme: sur scène, Jacqueline Corpataux en impose, vibre, rayonne. Elle a toujours su choisir ses rôles, les femmes fortes, les textes puissants, qui bousculent, qui questionnent la société. On ne peut pas lui reprocher de demi-mesure, d’engagement à moitié, de compromis. On la sent entière dans ce métier-là. Elle se donne comme si chaque projet, chaque spectacle, chaque lecture était le plus important. Cela fait plus de trente ans que le théâtre l’habite. La reconnaissance est désormais officielle: le Prix culturel de l’Etat de Fribourg 2020 salue sa trajectoire exemplaire.

Oui, il lui en a fallu de la détermination pour se lancer dans l’arène: à la fin des années 1970 à Fribourg il n’y a pas de formation professionnelle, pas de scène de création, pas d’institution pour soutenir les arts vivants, ni de statut pour les intermittents de la culture. Le Théâtre des Osses commence seulement à faire bouger les lignes. «Il fallait défricher» ce désert culturel, rappelle Jacqueline Corpataux.