Les artistes sommés de choisir leur camp

Guerre » Les artistes russes en Europe sont déchirés: hier, acclamés par le public pour leur talent, nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui suspectés de connivence avec «l’ennemi russe», interpellés, et parfois remerciés. Ainsi, le directeur musical du Théâtre du Bolchoï et de l’Orchestre national du Capitole à Toulouse, Tugan Sokhiev, à la suite des pressions exercées par la mairie de Toulouse pour qu’il choisisse son camp dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, a finalement décidé de démissionner de tous ses postes. «Je ne peux pas supporter d’être témoin de la façon dont mes collègues, artistes, acteurs, chanteurs, danseurs, réalisateurs, sont menacés, traités de manière irrespectueuse et victimes de la «culture d’annulation», a-t-il déclaré dans la foulée de son départ. D’une renommée internationale, Tugan Sokhiev est loin d’être le seul artiste russe à se trouver volontairement ou involontairement sans travail après l’intrusion violente de la guerre en Ukraine dans leur vie de création.

Brevet «d’ukraïnité»

Dans un des établissements scolaires les plus prestigieux de Paris qui prépare une soirée en faveur de l’Ukraine, une artiste russe, qui souhaite garder l’anonymat, a ainsi été sommée de démontrer son ascendance «ukrainienne» pour pouvoir monter sur scène. Après plusieurs jours d’examen de son dossier, il lui a été signifié qu’elle était trop «proche du centre culturel russe» alors qu’elle ne s’y est jamais produite et que son grand-père est un célèbre scientifique né à Kiev. Depuis le début de la guerre, elle ne compte plus les dates barrées sur l’agenda de ses concerts. Le dernier en date devait avoir lieu à la mairie de Poissy, qui a annulé la soirée musicale de L’Orchestre de balalaïkas Saint-Georges, le 27 mars.