Musique. La scène électro fribourgeoise crépite
Avec des collectifs, des rendez-vous, des artistes, TRNSTN RADIO et le Musée suisse et centre des instruments de musique électroniques, le canton a de beaux atouts. Manque toutefois des salles pour créer et pour diffuser.
Partager
19 janvier 2024 à 13:00
Elle porte le nom de radio mais c’est davantage un lieu d’expérimentation sonore. Elle porte surtout un nom imprononçable puisque toutes ses voyelles ont été biffées pour ne laisser que des consonnes balisant un champ des possibles très vaste. Elle s’appelle TRNSTN RADIO et on lui a inventé des blases à n’en plus finir, jouant à compléter les lettres manquantes pour lui faire dire qu’elle prenait le train ou qu’elle ne diffusait que la trance des années 90. En réalité, cette appellation aux airs de tirage de Scrabble se prononce «transition» et dit bien son rôle de passeur.
Installée sur le site de Bluefactory, elle est l’un des épicentres fribourgeois d’une culture underground bouillonnante, particulièrement dans les musiques électroniques qui crépitent dans la région (lire ci-contre). Son studio est un container vitré posé en extérieur. A chaque émission diffusée en live, la webradio attire au moins une vingtaine de personnes qui viennent physiquement observer comment se fabriquent les sons.
De plus, chaque mois, ce sont entre 1200 et 1500 personnes qui la suivent via internet. Elle est écoutée dans le monde entier, avec une majorité d’auditeurs en Suisse, en France et en Allemagne. Ici, l’exigence de la programmation ne gomme pas la convivialité. Si elle met à l’honneur des artistes pointus et invite des personnes minorisées à s’exprimer, elle dispose d’une piste de pétanque ouverte à tous et diffuse des sonorités festives. On y sent une volonté de réunir, pour mélanger les langues et les voix.
Pendant le Covid
Sa naissance s’explique par une collision de bonnes idées flottant dans l’air du temps alors qu’un vide avait été laissé dans le secteur. «Toute la scène électronique fribourgeoise s’est éparpillée après la fermeture du Mouton Noir (le club à la programmation électro, situé dans la cave du Belvédère, a stoppé ses activités en 2017, ndlr)», commence par expliquer Nico de TRNSTN RADIO et du label Rababoo Records (lire ci-dessous).
La mise en route du projet s’est faite de manière organique et en lien avec TEAR, la plateforme culturelle en art, technologie et recherche de Bluefactory. Hasard du calendrier, la radio a commencé à diffuser pendant le Covid et elle cochait toutes les cases de cette situation particulière: elle programmait des artistes locaux, leur permettant de travailler, tout en assurant une distanciation sociale.
«Son concept est de mettre en avant la scène fribourgeoise et la faire résonner au-delà du canton, mais aussi de faire venir de loin des personnes à Fribourg», indique Fabo, un de ses membres. «Nous voulons montrer comment Fribourg a évolué ces dernières années. Nous souhaitons mettre en lumière le tissu culturel et social important de cette petite ville», ajoute Nico.
Aux côtés de noms moins connus du grand public, ses micros ont aussi accueilli des personnalités locales habituées des salles de la région et d’au-delà: Zoë Më, Stefan Aeby, Joséphine de Weck ou Leopardo. Des collaborations ont eu lieu dans le cadre de la Semaine contre le racisme, avec Ablette Records, avec Friart, avec Fri-Son, avec le Bad Bonn.
Créée en 2020, la webradio a petit à petit étoffé son programme comme son importance. Ainsi, la première année, TRNSTN RADIO a mis sur pied une vingtaine de shows (résidences) représentant une centaine d’artistes. Leur nombre a triplé. S’il n’y en a pas davantage, c’est que tout fonctionne sur le principe du bénévolat avec une trentaine de personnes actives autour du projet soutenu par une association d’une soixantaine de membres. Les émissions ne sont enregistrées que le week-end mais toutes les archives sont à disposition sur son site internet, ce qui représente tout de même 10 000 minutes de podcast.
«Très fédérateur»
La radio continue de tracer sa ligne de manière organique en se basant sur des valeurs de tolérance. «Nous mettons l’accent sur les musiques actuelles et la culture au sens large, de manière générale sur ce qui est à notre avis intéressant. C’est un espace d’expérimentation, avec des pièces de théâtre radiophoniques, des émissions avec un engagement social, du sound art…» liste Dave.
«La musique électronique est finalement marginale dans notre programmation mais elle est inscrite dans l’identité de la radio. Elle est un vecteur pour les soirées à l’extérieur, elle nous permet de collaborer avec des festivals, des clubs et d’autres entités. La musique, c’est aussi la fête. C’est très fédérateur.»
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus