Littérature. «Les positions de Tesson sont post-politiques»
Promu prince des poètes avant d’être taxé de suppôt de l’extrême droite, l’écrivain-voyageur agite la République. Un psychodrame national hanté de spectres politiques. L’éclairage d’Alexandre Gefen, chercheur en littérature.
Partager
1 février 2024 à 17:00
Un réac en doudoune d’aventurier? Voilà qu’on s’écharpe autour du barde en crampons, héraut populaire d’un monde ensauvagé de fées et de panthères, contempteur du gris moderne où seules feulent les trottinettes électriques. Il restitue l’aventure au cœur d’une civilisation agonique, Sylvain Tesson, en proses de haute altitude poétique, en performances rhétoriques à guichets fermés. Sur la scène de Nuithonie il y a trois ans, on accompagnait son apologie de l’ailleurs avant une heure de dédicaces dont il était sorti les bras remplis de lettres et d’un biscôme en cœur. Cette semaine à Lausanne, Genève et Sion, adulation toujours aussi fiévreuse (à en croire nos confrères du Nouvelliste); il est écrivain aussi bien que symbole. Mais de quoi Tesson est-il le nom?
De l’extrême droite, répondent sans équivoque les 1200 signataires qui, dans une lettre ouverte publiée par Libération le 18 janvier, ont refusé sa nomination comme parrain du Printemps des poètes en France, lui qu’ils considèrent en «icône réactionnaire». Défense de la ministre de la Culture, démission de la directrice artistique, contre-pétition, tempête au sérail. Puis passage en revue des accointances ultraconservatrices, des ambiguïtés idéologiques et des frousses déclinistes que le baroudeur mal-pensant dissimule en sa gangue de lyrisme pleinairiste.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus