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Cécile Cée: «Pour sortir de l’inceste, il faut commencer par nommer les choses»

Dans son roman graphique Ce que Cécile sait, l’illustratrice Cécile Cée raconte sa «sortie d’inceste» qu’elle inscrit dans un champ plus vaste: celui de l’incestuel.

Issue des Beaux-Arts, Cécile Cée a également une formation en philosophie qu’elle met à profit pour analyser le rapport de notre société à l’inceste.DR

Angélique Eggenschwiler

Angélique Eggenschwiler

Aujourd’hui à 00:00

Temps de lecture : 6 min

Tout a commencé par un dessin sur Instagram. L’illustratrice française Cécile Cée, qui vient de se disputer avec son psy, décide de coucher sur le papier ce qu’elle aurait voulu lui faire entendre. Ce que, à l’aube de la quarantaine, elle ose enfin nommer: l’inceste. Deux ans et des dizaines de publications plus tard, elle décide de les réunir dans un roman graphique publié ces jours aux Editions Marabout. Œuvre intime et politique, Ce que Cécile sait se présente comme un journal de sortie d’inceste dans lequel on ne lira pas de scène d’inceste. Auscultant les souvenirs refoulés de son enfance, l’auteure cherche à saisir les contours parfois flous de «l’incestuel», concept théorisé dès les années 1980 par le psychanalyste français Paul-Claude Racamier. Souvent défini comme un «inceste moral», il se caractérise par un climat familial malsain fait de confusion des places et de rapport ambigu au corps et à l’intimité de l’enfant, sans impliquer forcément de passage à l’acte. «L’inceste ce n’est jamais une histoire entre deux individus. C’est toujours une histoire de famille, de domination, de savoir qui commande et qui regarde ailleurs», écrit-elle, en donnant des clés pour décrypter le «système de l’inceste», cet apprentissage du doute et de la domination. Et nous forcer à regarder.


  • Ce que Cécile sait: journal de sortie d’inceste, Ed. Marabout.

    Dédicace et discussion autour du livre le 18 octobre de 17 h à 19 h à la libraire L’art d’aimer, à Fribourg.

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