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Politique

Géorgie. Géorgie: canon à eau et gaz lacrymogène au 6e soir de manifestation

La police en Géorgie a fait usage mardi soir de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestations pro-UE qui protestaient pour la 6e nuit consécutive. Le premier ministre a accusé ses rivaux politiques et des ONG d'avoir "orchestré les violences".

A Tbilissi, la police a une nouvelle fois fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogène pour tenter de disperser les milliers de manifestations pro-UE.KEYSTONE/EPA/DAVID MDZINARISHVILI

ATS
AFP

ATS et AFP

3 décembre 2024 à 17:26, mis à jour à 23:42

Temps de lecture : 1 min

Ce rassemblement se déroulait après que la cour constitutionnelle, saisie par la présidente géorgienne pro-occidentale, a décidé de maintenir inchangé le résultat des législatives d'octobre remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais contestées par l'opposition.

Les manifestations à Tbilissi, émaillées de violences, ont éclaté jeudi après l'annonce par le pouvoir du report à 2028 des ambitions de ce pays du Caucase d'intégrer l'Union européenne.

Mardi soir, les protestataires étaient encore des milliers, mais légèrement moins nombreux que lors des jours précédents, lançant des feux d'artifice vers le Parlement et la police et agitant des drapeaux de la Géorgie et de l'UE, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Actes de torture"

Les policiers ont répondu d'abord avec une lance à eau, notamment pour repousser des manifestants qui tentaient d'escalader les murs du Parlement, puis avec un canon à eau et du gaz lacrymogène lorsque la foule s'est déplacée vers une avenue à proximité.

Le ministère de l'intérieur a accusé dans un communiqué des manifestants d'avoir lancé sur les forces de l'ordre "divers types d'objets contondants, des engins pyrotechniques et des objets inflammables".

La présidente Salomé Zourabichvili, qui soutient le mouvement de protestation, a dénoncé sur le réseau social X une utilisation "disproportionnée" de la force par la police, des "arrestations massives et mauvais traitements".

Le commissaire aux droits fondamentaux, Levan Ioseliani, a, quant à lui, accusé la police d'"actes de torture" contre les manifestants, après avoir rendu visite à environ 200 manifestants placés en détention et blessés. La plupart d'entre eux ont "de graves blessures" à la tête ou aux yeux, a déclaré ce défenseur public. "Les violences graves et délibérées infligées de façon punitive constituent un acte de torture", a-t-il déclaré.

"Meilleur avenir"

Quelques heures auparavant, le premier ministre Irakli Kobakhidzé avait accusé l'opposition et des ONG d'être à l'origine des affrontements avec la police et averti qu'ils "n'échapperont pas à leurs responsabilités".

Son parti, qui assure ne pas renoncer à l'UE malgré l'annonce du report des négociations, a estimé que les Géorgiens mécontents l'avaient "mal compris" et que l'intégration européenne "progressait".

La veille, il avait rejeté toute négociation avec l'opposition, qui réclame de nouvelles législatives en dénonçant des fraudes lors du scrutin du 26 octobre, tout comme Bruxelles, ce que M. Kobakhidzé a qualifié de "chantage". Le Rêve géorgien tente aussi de présenter le mouvement de protestation comme le résultat d'une ingérence extérieure.

"Personne ne nous paie. Nous venons ici par notre volonté, de nous-mêmes", a affirmé auprès de l'AFP un manifestant, Nougo Chigvinadzé, logisticien de 41 ans, qui dit simplement vouloir "un meilleur avenir pour nos enfants".

Verdict sans appel

Mi-novembre, des groupes d'opposition et la présidente, en rupture avec le gouvernement mais aux pouvoirs limités, avaient déposé un recours devant la cour constitutionnelle pour faire annuler les résultats du scrutin législatif d'octobre. La cour, dans une décision publiée mardi, a refusé cette demande, en précisant que son verdict était final et sans appel.

Selon le ministère de l'intérieur, 293 manifestants ont été interpellés depuis le début du mouvement et 143 policiers ont été blessés. Des manifestants et journalistes ont aussi été blessés ces derniers jours.

L'opposition accuse le gouvernement de vouloir se rapprocher de Moscou, et d'imiter ses méthodes répressives et autoritaires. "Dans toute la Géorgie, les gens se soulèvent contre le régime fantoche russe", a salué lundi soir la présidente Salomé Zourabichvili, y voyant "un mouvement sans précédent".

Cette ancienne diplomate française a assuré la semaine dernière qu'elle refuserait de rendre son mandat comme prévu à la fin décembre et resterait à son poste jusqu'à ce que de nouvelles législatives soient organisées.

Si elle ne dispose que de pouvoirs très limités, Mme Zourabichvili est populaire auprès des manifestants, dont le mouvement, largement spontané et organisé en ligne, n'a ni dirigeant politique dominant ni réelle structure.