Chronique. On aurait tant voulu qu’il traverse
Une voiture percute un sanglier à la nuit tombée. Derrière la banalité du drame, la lutte perdue d’avance du monde sauvage face à la civilisation.
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Aujourd’hui à 15:04
Temps de lecture : 3 min
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Il n’a pas traversé. Il n’a pas crié non plus. Ni grogné, ni gémi, en fait il n’a pas fait le moindre bruit. Il fermait la marche, plus jeune sans doute que le reste de la harde crachée par la forêt dans la lumière de nos feux. Il s’est relevé, étourdi, chancelant dans les phares de la Peugeot, tandis que les autres sangliers disparaissaient dans le champ en face. Nous les avons regardés s’éloigner les yeux suspendus à la brume, le cœur accroché dans le vide. Je crois que la voiture n’avait rien.