Michaël Perruchoud
31 janvier 2024 à 02:05
C’était mon idole, mais je ne l’ai presque jamais vu skier. Parce que j’avais trop peur. Quand résonnait le générique de l’Eurovision, je pelais nerveusement une mandarine, les yeux rivés sur l’écran. Les montagnes enneigées, la voix de Jacques Deschenaux. Et en tête après la première manche: Ingemar Stenmark.
Le Suédois dominait, comme toujours. Mais j’exultais la peur au ventre. S’il tombait maintenant, ce serait encore bien plus triste. Je regardais donc descendre les Paul Frommelt, les Phil Mahre et les Petar Popangelov, mais au moment crucial, je désertais le canapé pour me réfugier sur mon lit, le nez dans l’oreiller, mon ours en laine rembourré sur le crâne, pour être sûr de ne pas entendre.
Et puis, mon père venait me chercher. Stenmark avait passé la ligne d’arrivée en vainqueur. Le dimanche soir, au Journal des sports, je revoyais quelques secondes de sa course et cela me confortait dans ma passion. Personne n’était si efficace, si élégant, si beau que Stenmark.
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