Chronique. Des bons vœux aux mauvais signes

Dans la boîte aux lettres arrivent les cartes de vœux. Je n’ai jamais été très féru de l’exercice, mais j’ai un ou deux copains qui s’y essaient avec une belle régularité. Jay, qui est photographe de métier, envoie des cartes mises en scène avec soin, des images travaillées au grain parfait. On voit ainsi ses enfants prendre la pose, grandir sans en avoir l’air devant l’objectif. Et puis, il y a deux ou trois ans, sa femme a disparu des clichés comme les opposants de Staline quittaient les images officielles du Parti. Les photos sont toujours belles, mais elles racontent une séparation, des incompréhensions, des pleurs sans doute. Il y a comme un poids tout autour de l’image, un pincement au cœur en considérant ces enfants qui avancent malgré tout en arborant leurs plus beaux sourires.