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Football

Loin de la sortie entre contemporains

L’équipe de Suisse s’est retrouvée cette semaine à Bad Ragaz pour préparer sa campagne européenne


 Patrick Biolley

Patrick Biolley

29 mai 2021 à 04:01

Euro » C’est devenu une image incontournable de l’équipe nationale: les joueurs arrivant en civil au complexe accueillant la Suisse avant les grands rendez-vous internationaux. Cette année, pas de Feusisberg ou de Lugano, mais le rendez-vous a été donné à Bad Ragaz, dans le sud du canton de Saint-Gall. Les 29 joueurs se sont présentés mercredi au compte-goutte mais ils ne seront que 26 à décoller en direction de Bakou le 7 juin pour l’Euro. Le programme de ces dix jours est dense entre entraînements, réunions, conférences de presse et, évidemment, matches amicaux. Le premier se tient d’ailleurs demain soir (20 h 15) à Saint-Gall face aux Etats-Unis.

Période pour le moins étrange que celle du camp de préparation à une grande compétition comme le championnat d’Europe. Une longue saison vient en effet de se terminer et, après quelques jours de repos, il faut déjà remettre un coup de collier. «Je pars du principe qu’un joueur professionnel doit être prêt à ça, estime Jordan Lotomba, latéral de l’équipe de Suisse. Une fois avec l’équipe, je suis content d’entamer cette préparation.» Reste que l’Yverdonnois n’est pas encore sûr d’être du voyage en Azerbaïdjan ni en Italie au mois de juin, une situation qu’avait connu l’ancien international Stéphane Grichting. «J’avais assez mal vécu mes trois premiers camps (2004, 2006, 2008, ndlr). A cause de l’incertitude d’être gardé ou non dans le groupe, il y a une certaine pression négative qui s’impose, raconte le Valaisan. J’arrivais à faire la part des choses, mais c’était quand même compliqué.»

Une phase primordiale

Ces premiers jours de retrouvailles sont néanmoins marqués par l’enthousiasme de se lancer dans une campagne qui pourrait amener de grandes choses. «Il y a le bonheur d’être appelé et d’être là surtout, se souvient Gelson Fernandes. Il y a une forme d’excitation, de fierté à préparer une compétition qui sera exceptionnelle.» Retrouver des amis que l’on n’a pas revus depuis longtemps, prendre des nouvelles, discuter et se fondre dans le groupe en quête d’un objectif unique. «Mais attention, ce n’est pas une sortie entre contemporains, rigole Stéphane Grichting. Cette première phase de préparation est primordiale, car il faut former le meilleur collectif avec les meilleures individualités. Les premières pages de la campagne sont écrites dès l’arrivée et les premiers entraînements.»

Paradoxalement, le onze ne sera pas forcément formé des meilleurs joueurs et c’est un travail tout ce qu’il y a de psychologique à réaliser par le staff. «Tout le monde veut être dans la liste finale et la concurrence s’installe petit à petit. Ce qui est sain, explique Gelson Fernandes. Il est capital dans une équipe nationale de laisser son ego de côté. Tu peux être capitaine dans ton club mais sur le banc avec la Suisse. Il faut être capable de l’accepter et de se mettre au service de l’équipe dès le premier jour.»

Montrer ce qu’on vaut

La période est courte et le temps est compté pour réussir à se faire sa place. Non seulement dans le groupe qui ira à l’Euro, mais aussi dans le futur onze. C’est là que les matches amicaux, comme celui de demain face aux Etats-Unis, interviennent. «Des cinq camps de préparation pour une grande compétition que j’ai effectués, j’étais à chaque fois persuadé d’être du voyage, mais il fallait ensuite aller chercher une place de titulaire, rappelle l’ancien milieu de terrain. Et là les matches amicaux font la différence.»

Jordan Lotomba, pour sa première participation à un tel stage, visera surtout à être du voyage et sait déjà ce qu’il doit faire: «Il faut être naturel, montrer que tu en veux, que tu mérites ta place.» Si le Vaudois devient un titulaire indiscutable de l’équipe de Suisse ces prochaines années, son rapport aux stages de préparation changera complètement. Il sera alors loin de l’incertitude engendrée par sa présence ou non dans la liste définitive. «Quand j’ai acquis ce statut, pour la Coupe du monde 2010, mon état d’esprit a totalement changé, se souvient Stéphane Grichting. Dès le premier jour du camp à Crans-Montana, le focus était dirigé sur la compétition. Pour moi, ces premiers jours étaient le point de commencement de tous les possibles.» Si la Suisse parvient à sortir de sa poule face à l’Italie, la Turquie et le pays de Galles pour aller, enfin, se qualifier pour un quart de finale, les internationaux se souviendront que l’histoire a commencé dans un complexe de Bad Ragaz. Et pour eux, ce détail sera tout sauf anodin.

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