Imbattable et inimitable
Au FC Ueberstorf, qui vient d’aligner 8 victoires, on fait de la bonne cuisine avec des «produits» locaux
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28 septembre 2021 à 20:11
Football » A Bilbao, la politique dite de la Cantera traverse les époques et résiste à la globalisation du sport. Seul club avec le Real Madrid et Barcelone à avoir disputé toutes les saisons de la Liga espagnole, l’Athletic Club a bâti son succès et sa notoriété autour du sentiment d’appartenance. Ne jouent au stade San Mamés que les «produits» basques. D’accord, très bien. Mais quel rapport avec le football fribourgeois?
Le lien se trouve tout au fond du district de la Singine, tout près de la frontière avec le canton de Berne. De «Hola» à «Hoi», il n’y a qu’un pas. A son échelle, le FC Ueberstorf se distingue, lui aussi, par son régionalisme flexible. Cette particularité, précieusement entretenue depuis des générations, fait la fierté de tout un club et de son président, Richard Schafer: «Nous voulons donner la chance aux footballeurs du village d’évoluer au sein de la première équipe. C’est pourquoi nous limitons à huit le nombre de joueurs venant de l’extérieur. Cette saison, ils ne sont que six.»
Et ça marche! Après huit journées de 2e ligue, les hommes de Joël Durret ont réussi le tour de force de ne pas égarer le moindre point. «Huit victoires de suite, ça ne m’était jamais arrivé. C’est quelque chose de très spécial», savoure le défenseur Luca Hagi.
Naturalisé après 9 ans
A Ueberstorf, chaque partie à domicile de l’équipe fanion prend des allures de kermesse populaire. Dans les gradins, où flottent aussi bien les écharpes rouge-bleu-blanc que les odeurs de schüblings grillés, ils étaient 450, dimanche dernier sous un soleil plus suisse qu’ibérique, pour assister à la démonstration infligée à Sarine-Ouest (4-1). A chaque but, les cris du speaker et un morceau de schlager à la gloire du «FCÜ» viennent rappeler que le leader de 2e ligue n’a pas son pareil dans le canton. «Franchement, c’est impressionnant. Tout le village se déplace et nous soutient. A Guin et Planfayon, où j’ai aussi coaché, c’était différent», s’émerveille Joël Durret. «Etranger» de Schmitten, le néo-entraîneur d’Ueberstorf n’a pas tardé à se faire adouber par le public. «C’est nettement plus facile quand on gagne ses 8 premiers matches», sourit celui qui a eu le redoutable honneur de succéder à Daniel Spicher à l’entre-saison.
Devenir membre de la famille Ueberstorf se mérite et prend du temps. Luca Hagi a beau être capitaine de l’équipe depuis deux ans, il n’a été «naturalisé» que dernièrement. «A la base, je suis un enfant de Wünnewil. Après des passages au Team AFF et à Xamax, j’ai débarqué à Ueberstorf dans l’optique de jouer avec mes copains d’école primaire. Au début de la saison, ma neuvième ici, on m’a finalement accordé le passeport. Cela signifie que je ne compte plus comme un étranger», se marre le défenseur central de 27 ans. «Le plus drôle dans l’histoire, c’est que j’ai vraiment reçu un diplôme attestant de mon nouveau statut!»
C’est bien le seul billet que Luca Hagi a reçu de la part du comité. «Les joueurs qui se déplacent chez nous ne gagnent rien, pas même une paire de souliers, revendique Richard Schafer. Tous les actifs paient une cotisation de 170 francs et sont tenus de participer aux manifestations.»
Un camp pour s’identifier
Pas de prime de victoire pour remplir la caisse d’équipe. Rien. A Ueberstorf, on y vient pour le plaisir, l’esprit et les infrastructures. Y compris pour le mythique terrain en copeaux utilisé en hiver. «Il n’y a jamais de discussion dans le vestiaire pour savoir qui gagne plus que qui. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes assez forts. Pour dire, nous avons même payé nos maillots pour le match de Coupe de Suisse contre Saint-Gall. Si on joue ici, c’est pour ça», souffle le capitaine en montrant du doigt ses coéquipiers en train de trinquer au milieu de la foule. «Dans d’autres formations, des joueurs changent de crémerie dès qu’on leur propose 100 francs de plus ailleurs. C’est tellement plus facile de travailler dans un climat sain», apprécie Joël Durret.»
Très ancrée, l’identification au FCÜ ne sort pas de nulle part. «Nous commençons à la travailler dès le plus jeune âge. Chaque année, nous organisons une semaine de camp pour tous nos juniors, des catégories E à B», relève le président d’un club qui restera quoi qu’il arrive inimitable. Pas imbattable. «Nous ne sommes pas à l’abri d’une défaite», conclut Richard Schafer.
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