Et la tornade fribourgeoise se leva

SB League » «Encaisser 51 points en une mi-temps, c’est inacceptable. Dans les vestiaires, nous nous sommes engueulés nous-mêmes. Le coach est arrivé après, et il nous a engueulés aussi.»

La réaction de Natan Jurkovitz et de ses coéquipiers fut immédiate, ou presque. Boncourt, qui ne savait pas encore ce qui lui pendait au nez, réussissait bien les deux premiers points du troisième quart, avant que la tornade Fribourg Olympic ne se lève et inscrive les 23 suivants. Vingt-trois, vous avez bien lu. De 49-53 en faveur des Jurassiens, le score passait en moins de 5 minutes, 4’57 exactement, à 72-53 pour les pensionnaires d’une salle Saint-Léonard soufflée elle aussi. Déjà, le champion de Suisse en titre avait match gagné, et c’est sur un score fleuve (110-75) qu’il clôturera une soirée décidément singulière, c’est le mot.

Coup sur coup

Un samedi d’autant plus fou qu’en ce début de seconde mi-temps, Fribourg Olympic a allié l’efficacité à la manière. Conquis, les 897 spectateurs de la salle Saint-Léonard en ont eu pour leur argent. Natan Jurkovitz et Tim Derksen les premiers ont sonné la révolte. A longue distance. Titularisé dans le cinq de base, Paul Gravet a pris le relais, avant que Xavier Pollard, qui faisait son retour à la compétition, et Natan Jurkovitz, encore lui, ne combinent coup sur coup deux «alley-hoops» de derrière les fagots. Le jeune capitaine fribourgeois aime voler, ce qu’il fait très bien, on le sait. Samedi, il a littéralement coulé des Ajoulots qui n’ont plus pu sortir la tête hors de l’eau.

Longtemps, celle de Xavier Ford a pourtant été mise à prix. Faute de papiers en règle, l’ailier américain de Boncourt avait dû ronger son frein en tribunes le 2 octobre dernier, lorsque les protégés de Petar Aleksic étaient allés s’imposer dans le Chaudron. Depuis, l’homme s’est fait une réputation de franc-tireur, et c’est fort du maillot de topscorer qu’il a d’abord tenu les Fribourgeois en joue. Vingt-trois, ou le nombre de points que Xavier Ford a marqués lors de la seule première période, contre dix en seconde, durant laquelle il a oublié le sens du verbe «partager». Bref, comme les autres, il n’a plus eu son mot à dire, étouffé par la défense d’Olympic.

Le salut en défense

Car si l’attaque a fait feu de tout bois, c’est bien en défense que le champion de Suisse en titre a forgé sa victoire. «Gravet, Pollard, Louissaint et même Garrett, autant de joueurs qui ont été blessés ou absents et qui manquent encore de rythme. Attaquer, c’est bien. Mais c’est en se concentrant sur la défense qu’on retrouve ses marques et une cohésion d’équipe», martèle Petar Aleksic, qui a su ouvrir son banc quand son homologue jurassien s’est appuyé sur les six mêmes hommes. La fraîcheur: ceci explique aussi cela. «Fribourg a élevé son intensité défensive et nous n’avons pas su y répondre. C’est souvent comme ça: nous nous sommes pris la tornade de plein fouet», déplore pour sa part Kevin Monteiro. Et l’intérieur staviacois de Boncourt de regretter les 30 ballons perdus par son équipe. Un total aussi rare que rédhibitoire à ce niveau. Une semaine après avoir chuté pour la première fois de la saison, Fribourg Olympic file à nouveau sur le droit chemin. Avant de basculer en 2020, le leader du classement de SB League a une dernière tâche à accomplir: oblitérer son billet pour le «final four» de la Coupe de la Ligue (SBL Cup), jeudi contre les Lugano Tigers. A domicile toujours. Abus de foie gras interdit.

Olympic - Boncourt 110-75

(26-22 23-29 35-13 26-11). Saint-Léonard: 897 spectateurs. Arbitres: Marmy, Tagliabue et Mazzoni. Notes: Fribourg Olympic sans Touré (blessé) ni Lehmann (ménagé). Boncourt sans Wilbourn (blessé). Fautes: 17 contre Fribourg Olympic, 24 contre Boncourt. Faute technique à Ford (21e). Faute antisportive à Kozic (27e). Balles perdues: 10 par Fribourg Olympic, 30 par Boncourt.