Vaste restructuration à Saint-Paul
Les activités d’impression du groupe fribourgeois sont concentrées à Bulle. Trente emplois sont biffés
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François Mauron
26 novembre 2020 à 02:01
Economie » C’est la fin abrupte d’une riche histoire, vieille de 150 ans. A partir du 1er janvier 2022, le Groupe Saint-Paul n’aura plus d’imprimerie à Fribourg. «Confrontée à la chute du marché et aux conséquences de la crise du Covid-19», la société fribourgeoise – qui édite notamment La Liberté – réorganise complètement son secteur d’activité imprimerie, indique un communiqué de presse. Conséquence: une trentaine d’emplois passent à la trappe. Toutes les activités d’impression seront regroupées sur le site de Bulle, où l’entreprise investira près de trois millions de francs. Ni la régie publicitaire ni les journaux du groupe ne sont touchés par cette restructuration.
«Cette dernière est le fruit d’une étude de marché longue et approfondie. Le volume d’affaires du secteur imprimerie est en baisse depuis plusieurs années, souffrant des mutations structurelles. La crise du coronavirus a accentué ce phénomène. En 2020, le chiffre d’affaires (qui n’est pas communiqué, ndlr) a ainsi chuté de 20%», souligne Thierry Mauron, directeur général du Groupe Saint-Paul.
Chapeauté par la société media f, le secteur imprimerie compte actuellement quatre sites, à Fribourg, à Bulle, à Estavayer-le-Lac et à Montreux, pour environ 85 emplois équivalents plein-temps (EPT). La majorité des salariés est basée dans la cité des Zaehringen (55 EPT). Seulement voilà. «Les locaux du boulevard de Pérolles ne sont plus du tout adaptés à une production industrielle, au contraire de ceux du chef-lieu gruérien, fonctionnels et d’un accès bien meilleur», note Romain Glasson, directeur de media f.
Coup de massue
C’est pourquoi toute la production sera réunie dès 2022 à Bulle, où seront employés cinquante collaborateurs environ – soit le double qu’actuellement. En revanche, les trois autres unités cessent leurs activités. «Cette réorganisation aura des conséquences sur les effectifs de chaque site. Même s’il n’est pas encore possible d’évaluer exactement la réduction du personnel, environ trente postes devraient être concernés, sous forme de retraites anticipées, de départs naturels et de licenciements que le Groupe Saint-Paul ne pourra éviter», indique Thierry Mauron. Un plan social est prévu.
Touchée de plein fouet par la pandémie, l’entreprise fribourgeoise perçoit actuellement toujours des indemnités pour réduction d’horaire de travail (RHT). N’aurait-elle pas pu demander une aide publique pour passer ce mauvais cap? «La seule possibilité qui s’offre à nous, ce sont les RHT. Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur celles-ci ad vitam aeternam. Nous sommes responsables du futur. A nous de prendre les décisions qui s’imposent», répond Romain Glasson.
Pour les employés de l’Imprimerie Saint-Paul, c’est un nouveau coup de massue, lequel ponctue une décennie cauchemardesque. En 2007, l’entreprise recensait encore 220 employés. Depuis lors, elle a été frappée par la fermeture de la rotative (qui imprimait La Liberté, les Freiburger Nachrichten et La Gruyère, notamment) à la fin de 2014 et par une autre restructuration majeure il y a trois ans. Pas étonnant, dans ces conditions, que ses effectifs aient fondu comme neige au soleil.
Investissement à Bulle
A la rue de Vevey, au pied du Moléson, le Groupe Saint-Paul va donc engager quelque trois millions de francs entre 2021 et 2023 pour la modernisation des locaux et des outils de production, tant dans les secteurs offset que numérique. «Ces investissements permettront aux équipes de relever les défis futurs dans des conditions optimales. Ils démontrent que nous croyons au développement qualitatif du segment des travaux de ville (impression de cartes d’affaire, papier à lettres, circulaires, prospectus, livres, ndlr)», relève Romain Glasson.
Le pari ne manque pas d’audace, car la concurrence fait rage dans le domaine de l’imprimerie, tant sur internet que dans les pays d’Europe de l’Est où les prix sont de 30 à 40% moins élevés. Les chiffres, du reste, en témoignent. Selon Viscom, la faîtière de l’industrie graphique suisse, près de 15 000 emplois ont été biffés dans ce secteur en Suisse ces dix dernières années. Soit un poste sur deux.
Un destin immobilier?
Si le site de Bulle va faire peau neuve, les vénérables murs de l’Imprimerie Saint-Paul, à Fribourg, vont se retrouver bien esseulés. «Une analyse est en cours pour leur affectation. Nous nous dirigeons vers une valorisation immobilière de ces espaces, comme cela a déjà été fait pour d’autres locaux contigus», fait remarquer Thierry Mauron. Certains équipements prendront la direction de la Gruyère. En revanche, la presse KBA Rapida, la star des lieux qui peut débiter 18 000 feuilles à l’heure en huit couleurs, sera abandonnée. Installée en 2012, elle avait coûté 5,5 millions de francs. «Cette machine a été amortie», affirme Thierry Mauron.
Dans la Broye, le site d’Estavayer-le-Lac sera vendu, et toutes les activités du groupe seront réunies au même endroit, à Payerne. Celui de Montreux – minuscule, il occupe deux pièces – est maintenu. Sa production est exclusivement numérique. Les équipes commerciales resteront dans leurs régions respectives (Centre, Sud, Broye et Riviera vaudoise), pour «assurer la proximité avec le marché». Au total, le Groupe Saint-Paul compte quelque 300 employés, pour 244 EPT.
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