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Canton

Theo Stijve, le maître des échecs

Le Villarois âgé de 21 ans, joueur au club d’échecs de Payerne, a obtenu le titre de maître international

Les échecs ont permis à Theo Stijve de formaliser son raisonnement, de gérer la pression et de prendre confiance en lui.

Delphine Francey

Delphine Francey

13 avril 2023 à 04:01

Portrait » Plusieurs coupes et trophées remportés lors de tournois d’échecs trônent sur les étagères de la chambre d’enfance de Theo Stijve, dans la maison familiale à Villars-sur-Glâne. Ils sont les témoins des très bons résultats réalisés ces dernières années par le joueur du club de Payerne. Le jeune homme âgé de 21 ans vient de passer le niveau supérieur en obtenant, lors d’un récent tournoi en Allemagne, les performances nécessaires pour décrocher le titre de maître international. Une véritable consécration! Il est le seul de son club à avoir atteint un tel niveau. Et le deuxième Fribourgeois après Fernand Gobet en 1985, précise Bernard Bovigny, directeur de l’école d’échecs de Fribourg.

Theo Stijve reste humble. «C’est étrange comme ressenti car le tournoi s’est déroulé sur plusieurs mois avec quelques parties chaque mois, ça fait super longtemps que j’y travaille. Et un jour on me dit «là tu as accompli quelque chose!» J’ai fêté le titre et le lundi je retournais à l’école. J’ai de la peine à penser quelque chose de cette progression, je me sens des fois comme un imposteur», considère l’étudiant en informatique à l’EPFZ, qui vit désormais à Zurich. Cette performance peut lui offrir de nouvelles opportunités: «elle augmente mes chances d’intégrer par exemple l’équipe nationale ou de participer à des tournois sur invitation ou à d’autres rencontres», poursuit-il, accoudé à la table de la salle à manger.

Ses débuts comme enfant

Le Fribourgeois a déplacé ses premières pièces sur un échiquier lorsqu’il était enfant, en compagnie de son papa Sanne. «J’aime bien le type de réflexions que ce sport demande. D’un côté c’est un milieu que l’on peut contrôler, si je joue bien il ne peut rien se passer. A contrario, ce milieu est trop complexe pour que l’on puisse l’aborder entièrement. La perfection est à la portée de l’ordinateur mais pas de l’humain. Après 3 coups, il y a des millions de possibilités, beaucoup trop pour ma tête», lâche-t-il en effectuant le calcul sur son téléphone portable.

En août 2010, il s’inscrit aux cours de l’Ecole d’échecs de la Broye à Payerne. Comme le relevait David Monnier dans un ancien discours, lorsqu’il était président du club payernois, Theo Stijve s’est fait remarquer au niveau national à partir de la catégorie des moins de 14 ans avec plusieurs places d’honneur lors de manches qualificatives du championnat suisse juniors. Simon Stoeri, capitaine des équipes de ligue nationale du club payernois, décrit Theo Stijve comme un passionné: «Il souhaite toujours en connaître davantage et apprendre de ses erreurs. Consciencieux et travailleur, il ne laisse rien au hasard et cherche à se perfectionner. Il se montre lucide et capable d’autocritique pour toujours progresser.»

Concilier avec ses études

Ce perfectionniste dans l’âme essaie de concilier sa passion avec ses études en s’entraînant une heure et demie à deux heures par jour sans coach. «J’ai eu un entraîneur jusqu’à 19 ans puis j’ai décidé de prendre le temps d’intégrer seul toutes les informations qui m’ont été transmises. Peut-être que je vais en reprendre un à l’avenir mais pour l’instant je n’en cherche pas», explique-t-il. Le jeune homme participe à des compétitions en Suisse et en Europe en moyenne un week-end sur deux. Il joue avec le club de Payerne et depuis l’année passée avec l’équipe allemande de Heilbronn, ville au nord de Stuttgart. «Cette formation m’a contacté. Il faut savoir que la ligue nationale allemande d’échecs est la plus forte du monde. J’ai saisi cette opportunité pour jouer un peu plus», confie Theo Stijve.

En Suisse, il a été approché par d’autres équipes mais il reste attaché à Payerne. Pour preuve: il porte fièrement pendant notre rencontre une jaquette rouge à l’effigie du club. «Ses membres m’ont accueilli et m’ont formé. Ils m’ont offert un cadre précieux. Je me suis fait un cercle d’amis et je trouve naturel de rester.» En regardant en direction de l’avenir, Theo Stijve rêve à moyen terme de réaliser de bons résultats pour intégrer l’équipe nationale et participer aux Olympiades (compétitions entre équipes nationales).

A très long terme, et s’il a encore «l’énergie et le potentiel», il pourrait viser le titre de grand maître international, le dernier niveau. Malgré sa passion pour les échecs, il ne se voit pas devenir professionnel car il est difficile d’en vivre en Suisse. «J’aspire plutôt à un métier consacré à la collectivité.» D’ici là, il compte terminer ses études et continuer à se perfectionner pour battre ses adversaires. Tout en s’inspirant de son modèle, l’Ukrainien Andrei Volokitin dont il admire le style de jeu «très combatif et un peu flamboyant».

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