Le castor trace son chemin
Réintroduit en 1956, le rongeur se plaît dans le canton de Fribourg, où un recensement est en cours
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Camille Besse
29 mars 2022 à 21:49
Faune » Nul besoin d’une loupe ou de jumelles pour trouver les premiers indices de la présence du castor. A peine a-t-il fait quelques pas le long des rives du Tatrel, près de Châtel-Saint-Denis, que Vincent Grognuz, l’un des deux coordinateurs du recensement national de l’animal pour le canton de Fribourg, indique un bosquet de jeunes arbres étrangement aiguisés: «Nous les appelons des crayons.» Et notre guide de pointer le milieu du cours d’eau, quelques mètres en contrebas, où gisent les restes sectionnés de plusieurs jeunes saules: «Il a rongé toute l’écorce pour se nourrir.» Sa collègue Sandrine Wider complète: «C’est ce que nous appelons un réfectoire. Les castors sont plus à l’aise dans l’eau pour manger.»
Les biologistes ont l’œil affûté, et pour cause: ils supervisent le travail des quelque 60 bénévoles engagés dans le dénombrement côté fribourgeois. L’animal étant plutôt nocturne, pas question de compter directement les individus. Les volontaires cartographient les signes de présence indirects. Chacun d’eux s’est ainsi vu attribuer un territoire, le long d’un cours d’eau, et l’a parcouru à l’affût des barrages et autres réfectoires, comme ici le long du Tatrel.
Initié par l’Office fédéral de l’environnement, c’est le deuxième inventaire entrepris à l’échelle nationale depuis la réintroduction de l’animal dans la Versoix (GE) en 1956 (lire ci-dessous). Car le castor, longtemps chassé pour sa viande, sa fourrure et ses sécrétions de castoréum prisées par les entreprises cosmétiques, avait complètement disparu de nos cours d’eau au XIXe siècle. Il s’épanouit désormais à nouveau en terres helvétiques.
Un habitat en devenir
L’observation du jour se poursuit à l’ombre bienvenue des arbres qui bordent le cours d’eau. La quiétude des lieux serait presque totale si les crissements des pas sur les feuilles mortes n’étaient pas troublés par le ronronnement de la route cantonale, non loin de là.
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