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Canton

L’émotion, ce moteur de la transition

Le psychologue Marc Roethlisberger publie un guide pour des ateliers de sensibilisation réussis

Ancien économiste, Marc Roethlisberger est retourné à l’université en 2012 pour se spécialiser en psychologie clinique, puis en psychologie environnementale.

 Stéphane Sanchez

Stéphane Sanchez

5 octobre 2021 à 21:35

Temps de lecture : 1 min

Ecologie » Marc Roethlisberger a déjà fait sa transition intérieure. Ce Fribourgeois de 53 ans, ancien économiste auprès d’Orange et de l’Etat de Vaud notamment, s’est peu à peu orienté vers le développement durable, la négociation et la communication. En 2012, il a retrouvé les bancs de l’université pour se spécialiser en psychologie clinique, puis en psychologie environnementale. Aussi formateur d’adultes et consultant en management environnemental, il vient de publier Prévention des risques psychologiques lors d’ateliers de sensibilisation à l’écologie. Une plongée de 64 pages dans l’univers du «travail qui relie».

Qu’est-ce que ce «travail qui relie»?

Marc Roethlisberger: C’est une méthode axée sur les émotions et développée dès les années 1970 par l’écophilosophe américaine Joanna Macy. Elle repose sur quatre étapes. D’abord, les participants expriment leur gratitude envers la nature. Ensuite, ils vivent leur tristesse, leur peur, leur impuissance ou leur culpabilité face à la crise climatique et à la perte de la biodiversité. La troisième étape consiste à changer de regard, pour constater que nous sommes tous vulnérables, dépendants et reliés, entre êtres vivants, entre humains, entre pays et entre générations. Enfin, chaque participant définit son propre plan d’action. Comme manger moins de viande ou changer ses habitudes de mobilité. Chacun a ses critères, qu’il faut respecter.

Qu’est-ce que ces ateliers de sensibilisation à l’écologie?

Trop de gens pensent que l’écologie est une question de technologie ou d’information sur les faits scientifiques. Je suis convaincu qu’il faut d’abord un changement intérieur profond qui passe par l’exploration de nos émotions. C’est la démarche de ces ateliers, qui se développent un peu partout. Surtout avant la pandémie, j’en ai vécu une dizaine en tant que facilitateur, et autant en tant que participant. Mon livre s’adresse à ces deux publics. Il vise à éviter des problèmes que j’ai pu observer avec des collègues du réseau d’écopsychologie francophone.

Et quels sont les risques?

Un atelier peut être l’occasion, pour certains participants, d’exprimer une détresse intime, familiale, parfois sans lien direct avec l’environnement. Ce n’est pas toujours l’endroit pour déposer cela: il faut pouvoir le gérer. Beaucoup de participants passent par des étapes semblables à celles du deuil: déni, révolte, marchandage, tristesse, acceptation et redécouverte d’un nouveau sens à leur vie. Certains peuvent s’enfermer dans une de ces émotions. L’écoanxiété, en particulier, peut devenir si profonde qu’elle empêche la personne de fonctionner. Là aussi, il faut pouvoir soutenir et accompagner ces personnes. Mon livre donne aussi des outils pour fixer le cadre ou gérer des conflits potentiels.

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