E-vélos et e-trott un peu moins vertes
Une étude de l’EPFZ met en cause le gain écologique de l’e-micro-mobilité. Les opérateurs réagissent
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Stéphane Sanchez
6 janvier 2022 à 02:01
Climat » Les trottinettes et vélos électriques en libre-service perdent un peu de leur verdeur. Une étude menée à domicile par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich vient en effet de montrer que cette e-micro-mobilité remplace surtout des modes de transports moins carbonés, comme la marche, le simple vélo mécanique et même les transports publics. La nouvelle n’ébranle pas pour autant les opérateurs actifs dans le canton.
«Notre offre n’a pas encore développé son plein potentiel, à cause du Covid et de la météo.»
Josef Komives
Du côté de Publibike, qui gère 5000 vélos en Suisse, dont la moitié électriques, la nouvelle ne surprend pas totalement: «Dans le cadre des sondages que nous faisons auprès de notre clientèle, nous leur demandons quel moyen de transport ils utiliseraient en l’absence de Publibike. Les réponses mentionnent les transports publics (tram ou train), la marche et le vélo. La voiture apparaît rarement. C’est une question de temps et de mœurs. L’offre est encore récente», estime Céline Noguera, membre de la direction et responsable marketing et vente de Publibike.
A l’inverse, Josef Komives, cofondateur et directeur de JM Fleets, qui gère les e-trottinettes mises en place en 2020 à Bulle, estime que son offre est un substitut «significatif». «Plein de clients n’utilisent plus autant leur voiture, grâce aux trottinettes. Pour toutes sortes de raisons, en particulier parce que cela fait gagner du temps ou parce qu’il n’y a plus à s’inquiéter du stationnement. C’est aussi un service qui rend heureux et qui incite à penser à une autre mobilité», sourit-il. «Et notre offre n’a pas encore développé son plein potentiel, à cause du Covid et de la météo.»
Empreinte réduite
Les résultats de l’étude de l’EPFZ reposent également sur une nette différence des émissions carbone entre la version privée et la version partagée des e-trottinettes et des e-bikes (lire plus bas). Une différence en partie imputable à l’exploitation, au repositionnement (rebalancing) et à la durée de vie des machines. «Ce sont des facteurs qui varient énormément, selon le terrain, la maintenance, le comportement des clients et l’évolution de la technologie. On ne sait pas quelle marque l’EPFZ a considérée», relativise Josef Komives. Il souligne par exemple que JM Fleets utilise toujours une camionnette électrique pour repositionner les trottinettes. «Et nous avons gardé la même flotte depuis le début.»
5000
vélos Publibike sont installés en Suisse
Idem pour Publibike. Les utilisateurs doivent ramener les e-bikes dans les stations, où ceux-ci font l’objet d’une maintenance planifiée: «La tournée se fait dès que possible avec des vélos-cargos ou des véhicules électriques. Nos vélos sont chargés à l’électricité verte. Et ils ont une durée de vie de 5 ans, que nous espérons porter à 10. Ils sont systématiquement réparés, et non remplacés, même lorsqu’ils sont vandalisés», note Céline Noguera.
Les deux opérateurs regrettent également que l’étude se limite à n’envisager que des modes de transports de substitution, pour le même trajet. «A Fribourg, nos meilleures statistiques sont enregistrées la nuit, lorsqu’il n’y a pas d’offre de transports publics. Ou quand elle est faible», explique Céline Noguera. Comme elle, Josef Komives évoque la micro-mobilité électrique comme une offre complémentaire, et non de substitution au transport public: «C’est une solution pour le dernier kilomètre, qui augmente l’attractivité des transports publics», en levant un obstacle potentiel. Bref, l’abandon de la voiture est une affaire d’offre globale, dans laquelle l’e-micro-mobilité est un maillon.
Pas seulement urbain
David Chassot, responsable de Pick-e-Bike pour la Suisse romande, milite lui aussi pour cette alliance avec les transports publics et juge l’étude de l’EPFZ «un peu généraliste». En effet, souligne-t-il, l’offre de Pick-e-Bike en Gruyère et à Morat (250 vélos) ne vise pas que les trajets urbains, mais aussi les pendulaires, pour des itinéraires «de 5 à 15 km», comme à Bâle (80% des trajets).
Dans ce même esprit, Pick-e-Bike démarche actuellement une dizaine «de grandes entreprises romandes qui comptent plusieurs centaines de collaborateurs», poursuit David Chassot. «Elles sont prêtes à prendre entre 5 et 25 vélos, notamment pour résoudre des problèmes de stationnement aux abords de l’entreprise.» C’est le cas à Bulle, où «une multinationale» mènera un projet pilote dès ce printemps. David Chassot mentionne également «une entreprise de Fribourg» qui souhaite «attribuer des e-bikes à des collaborateurs. Ils devront renoncer à leur voiture. D’autres e-bikes, près de l’entreprise, seront à disposition pour un usage sporadique. Ce focus sur les pendulaires, l’EPFZ n’en parle pas».
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