Des arguments, pas des insultes

A celles et ceux qui ont pris soigneusement le temps de m’écrire pour répondre à ma prise de parole du 12 mars concernant l’acceptation de l’initiative sur l’interdiction de la burka qui me décevait profondément, j’ai envie de répondre à mon tour.

A celles et ceux qui ont eu le cran de signer leurs missives ou à d’autres qui sont si fiers de leur oui à l’initiative, mais pas assez pour parapher leurs injures. Aux hommes qui croient savoir ce dont les femmes ont besoin mieux qu’elles-mêmes. Ils et elles se reconnaîtront.

Devant celles et ceux qui m’exhortent à «quitter la Suisse au plus vite», moi la «pauvre petite chérie» à la «face momifiée», «idiote inculte» ou encore féministe «bobo, occidentale, débile et totalitaire» aux convictions «infantiles», devant celles et ceux qui «sont sérieusement prêts à m’offrir un billet d’avion» pour rencontrer les «talibans qui fouettent les femmes pour tout et rien», je ne baisserai pas la tête. Vous n’avez même pas cherché à me comprendre.

Je ne me plains pas: je sais à quoi je m’expose en écrivant dans le journal, je suis ouverte à la discussion, je peux écouter et débattre avec des gens qui pensent autrement que moi, mais j’aurais aimé que cela soit fait dans les règles de l’art, avec respect. J’aurais aimé des réponses argumentées, ici même et non dans ma boîte aux lettres.

J’aurais aimé des arguments et non des insultes et de la condescendance. C’est ce que nous pouvons souhaiter de mieux à mon avis, vous et moi, pour notre pays démocratique.

Mathilde Sapin,

Avry-sur-Matran