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Société

Une pièce pour lutter contre le déni

Le metteur en scène François Marin présente Grâce à Dieu d’Ozon au Théâtre des Osses

La distribution réunit Christian Cordonier, Frédéric Lugon, Sabrina Martin, Yann Pugin, Sylviane Tille.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

25 novembre 2021 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Givisiez » Médiatisée, l’affaire Bernard Preynat, du nom d’un prêtre du diocèse de Lyon, a mis en lumière le silence qui entourait les abus sexuels dans l’Eglise. En 2016, le cardinal Barbarin a eu cette phrase maladroite: «Grace à Dieu, les faits sont prescrits». Le cinéaste François Ozon en a fait un film, puis une pièce de théâtre. Dans la mise en scène du Valaisan François Marin, Grâce à Dieu tourne à partir de demain au Théâtre des Osses.

Début octobre, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a rendu son rapport. Son président, Jean-Marc Sauvé, a dénombré entre 2900 et 3200 pédocriminels au sein de l’Eglise catholique en France depuis 1950, faisant au moins 216 000 victimes mineures.

Qu’est-ce qui change entre le film et la pièce d’Ozon?

François Marin: Ozon a amassé beaucoup de documents qui ne figurent pas dans le film. La pièce est aussi une autre manière de présenter l’affaire. Dans le film se joue une incarnation des personnages, une identification. Au théâtre, on assiste à une mise à distance et au questionnement des acteurs et du public. D’autant plus que cinq acteurs jouent 32 rôles et que les lieux différents sont difficiles à représenter au théâtre.

Quel est l’enjeu de la pièce?

Son texte raconte les abus dans l’Eglise, mais l’attitude de déni qu’il décrit peut aussi se trouver dans les cas d’abus au sein des familles, dans l’enseignement, la culture, le sport… Il entre en résonance avec tout le mouvement #MeToo. J’ai été touché par le déni et la difficulté à entendre. Au Conservatoire, où j’ai étudié, on a abusé de la faiblesse de certaines personnes. Je n’ai pas forcément bougé. Le premier mouvement dont parle la pièce, c’est le déni. Quand quelqu’un accuse une personne de viol, souvent on défend la personne accusée, parce que «c’est un bon prof», au lieu d’entendre la parole de la victime. Le témoignage de Vanessa Springora dans Le Consentement, ou celui de Camille Kouchner dans La Familia Grande, ne sont pas des livres à charge. Ils disent la difficulté de dire un abus quand une personne a une aura positive. La société est en train de changer sur ce point-là aujourd’hui. Grâce à Dieu n’est pas un texte anticlérical, il questionne les pratiques.

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