Un nid qui ne se vide toujours pas
Corinne Maier explique aux parents désespérés de mettre leurs enfants à la porte comment agir
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Véronique Châtel
13 décembre 2021 à 17:11
Famille » Difficile de ne pas rire jaune à la lecture du dernier essai de Corinne Maier. L’autrice franco-belge, née à Genève, connue pour un essai sur l’art de ne rien faire au travail dans une grande entreprise (Bonjour Paresse, 2004) puis pour un essai sur quarante raisons de ne pas avoir d’enfants (No Kids, 2007) s’est intéressée aux jeunes adultes, majoritairement des garçons, qui prennent racine chez leurs parents… jusqu’à trente ans parfois. Elle connaît bien: elle a un fils de cet acabit chez elle, qui menace d’y rester encore longtemps. Plutôt que de s’en prendre à ces Tanguy pas pressés de se confronter à la vie sans papa-maman, elle interroge la responsabilité des parents. Et si le syndrome du nid plein dont ils souffrent – car ils l’avouent rarement tout haut, mais ils n’en peuvent plus de vivre avec leur enfant trentenaire – était le fruit d’un excès de gentillesse, de tolérance et de bienveillance à l’égard de leur progéniture? D’un mauvais positionnement de parent, en quelque sorte? Bonne nouvelle: il n’est jamais trop tard pour changer.
C’est quoi le parcours de parent qui mène tout droit à ce syndrome du nid plein?
Corinne Maier: C’est idéaliser la relation parents-enfants; c’est s’impliquer de façon excessive dans l’avenir de son enfant; certains riches parents new-yorkais allaient jusqu’à dormir dans la rue le jour de l’ouverture des inscriptions, pour être sûrs d’avoir une place dans l’école maternelle de leur choix. C’est se transformer en parent hélicoptère, prêt à intervenir dans la vie de son enfant pour l’extirper de situations difficiles, prendre sa défense, faire ses devoirs, bref le soutenir sans ménagement. Il n’est pas rare de voir des parents accompagner leur grand enfant à un entretien d’embauche!
Vous dites parent, parce que cette «kid mania» touche autant les mères que les pères?
Le volume de temps investi pour leurs enfants par les pères et les mères, toutes classes sociales confondues, est supérieur à celui de leurs parents, naguère. Mais celui des mères est supérieur à celui des pères car le partage des tâches reste inégalitaire. Une récente étude anglaise a révélé que les mères britanniques consacraient deux fois et demie plus de temps à leurs enfants que dans les années septante, époque où les mères exerçaient plus rarement une profession.
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