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Vingt-et-une femmes s’unissent pour créer une BD

Article en ligne – Critique BD » Deux scénaristes et dix-neuf illustratrices se sont jointes pour faire naître « Les voix », une bande-dessinée commémorant les 50 ans du droit de vote des femmes.


Nastasia Jeanneret

Nastasia Jeanneret

27 décembre 2021 à 18:39

Créer une bande-dessinée à vingt-et-une voix, ce n’était pas gagné d’avance. C’est pourtant le défi qui a été relevé par les deux scénaristes Sabrina Martinez et Sarah Waeber et dix-neuf membres du collectif de dessinatrices suisses romandes, « La bûche ».
Ensemble, ces femmes ont co-créé « Les voix », un projet de bande-dessinée destiné à célébrer les 50 ans du droit de vote féminin en Suisse. Le récit, c’est celui de Lisa, 20 ans, qui habite en colocation et travaille comme coursière dans la région lausannoise. Sur fond de conflit avec sa mère, la jeune femme apprend que sa grand-mère va être placée dans un EMS. Lisa se rapproche alors de sa mamie et découvre son passé militant pour les droits des femmes. Une manière de redécouvrir également sa mère, et de recréer avec elle un lien complice.

L’unité dans la diversité
La vraie prouesse de ce livre, c’est d’avoir su créer une unité malgré des styles de dessin totalement différents. En effet, avec dix-neuf pattes pour une bande-dessinée de dix-neuf chapitres, il y aurait eu de quoi se perde. Bien sûr, il faut naturellement un court temps d’adaptation à chaque nouvelle partie, rien que pour identifier l’époque à laquelle se déroule la scène. Mais rapidement, on apprend à reconnaître les trois personnages principaux à travers les différents styles, grâce à leurs traits distinctifs qui ont soigneusement été établis par les deux coordinatrices du projet, Fanny Vaucher et Léandre Ackermann.
Ainsi, ce mélange de style n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage, bien au contraire. Il ajoute en pertinence, puisque le trait de chaque dessinatrice contribue à faire émerger une nouvelle ambiance de manière beaucoup plus forte que ne l’aurait fait un style unique. Avec des personnages tantôt hyper réalistes, tantôt animalisés, des traits forcés ou légers, des cases remplies ou épurées, ces dessins disent autre chose de la situation représentée, et c’est une force indéniable de cette bande-dessinée.

Lutter avec ses propres limites
Lors d’une discussion sur le passé engagé de sa grand-mère, Lisa lui demande pourquoi elle n’a pas continué ses combats. Sa mamie lui répond : « Ma Lisa, chacune fait ce qu’elle peut avec ses propres armes… et ses propres limites ».
Ces notions d’engagement et de limites personnelles traversent l’ensemble du livre, et contribuent à complexifier les individualités des personnages. A l’aune de cette réflexion, Lisa envisagera en effet avec plus de bienveillance les réactions de sa mère, dont elle réalise l’importante charge physique et mentale reposant sur son statut de mère au foyer.
Tout comme de nombreux et nombreuses jeunes aujourd’hui, Lisa continue de lutter pour les droits des femmes et la protection du climat. A l’heure où ces différents engagements demandent un lourd investissement individuel, avoir conscience de ses limites et de celles des autres est une nécessité. Car lutter pour le changement, c’est aussi savoir préserver ses propres ressources.
 

 

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