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Le jeu vidéo aux JO?

La pratique compétitive de l’e-sport se répand avec une telle fulgurance que son intronisation en tant que discipline olympique est discutée

En octobre dernier, la plus grande ­manifestation e-sportive de Suisse a attiré près de 1500 joueurs à Berne.

 Mona Heiniger

Mona Heiniger

6 février 2018 à 05:00

Sport »   L’e-sport se popularise: deux clubs de football romands, le FC Servette et le Lausanne-Sport, ont ouvert une division vidéoludique en 2017. A peine créé, le Lausanne eSports devient double champion suisse en août sur League of Legends et Overwatch et s’est rendu en Corée du Sud en novembre pour représenter le pays aux championnats du monde d’e-sport. «En Suisse, il y a plusieurs milliers de personnes s’adonnant aux jeux vidéo de manière compétitive», estime Frédéric Boy, président du Lausanne eSports.

L’ampleur du phénomène justifierait pour Frédéric Boy son introduction aux Jeux olympiques en tant que nouvelle discipline: «Les équipes professionnelles suivent un véritable programme de mise en forme, comprenant une alimentation contrôlée et des sessions de fitness, avise le Vaudois. Les similitudes avec les autres sports sont nombreuses.» Le Comité international olympique (CIO) n’ignore pas la question: «Nous examinons actuellement l’e-sport d’un point de vue général, mais il est impossible de dire si un ajout au programme olympique sera un jour envisagé.»

Pour le CIO, la simulation d’actes violents «contraires aux valeurs olympiques» pose toutefois problème. Un argument qui ne convainc pas Frédéric Boy: «On tire bien avec une arme à feu dans le cadre du biathlon, ce n’est pas pour autant qu’il est contraire aux valeurs olympiques.»

Anticipant l’argument d’absence d’activité physique, il rappelle que le tir à l’arc a bien été sacré discipline olympique. «En outre, cela permettrait aux Jeux olympiques d’attirer un jeune public qu’ils ont de la peine à toucher aujourd’hui.» Lorsque enfin on lui fait remarquer que la retransmission des épreuves ne présenterait que peu d’intérêt pour les profanes, il rétorque: «Je ne comprends rien aux règles du football américain, ça ne m’empêche pas de regarder chaque année le Super Bowl sur la RTS.»

Un changement des mentalités

En marge des Jeux olympiques de cet hiver, un tournoi de Starcraft II – un jeu populaire de stratégie en temps réel – se tient en ce moment à PyeongChang, avec le soutien officiel du CIO. Dix-huit joueurs du monde entier y concourent pour décrocher 150 000 dollars. Faut-il y voir un signe de changement des mentalités? Pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, Tony Estanguet, président du comité d’organisation et triple médaillé d’or olympique, s’est dit enclin à discuter avec le CIO de l’intégration de l’e-sport, selon une interview donnée à AP.

Il a jusqu’en 2019 pour convaincre, date butoir pour l’ajout de nouvelles disciplines. Certains points sont à l’étude: «Nous devons reconnaître la valeur des performances des joueurs», déclare le CIO. Et le comité de conclure en soulignant un autre obstacle majeur: l’absence de fédération à même de représenter l’e-sport au niveau international. 

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