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Je ne veux pas d’enfants!

Une décision inconcevable pour beaucoup. Mieux acceptée si elle provient 
de l’homme, elle est encore mal perçue si c’est la femme qui la prend


 Kim de Gottrau

Kim de Gottrau

10 octobre 2017 à 07:00

Société »   Dans l’imaginaire collectif, il semble naturel d’avoir des enfants à un moment de notre vie. Même si la plupart des jeunes adultes suisses souhaitent devenir parents, une petite minorité formule le désir de ne pas enfanter. «Selon une enquête de 2013 menée par l’Office fédéral de la statistique, seuls 6,1% des femmes et 8% des hommes ne souhaitent pas d’enfants», détaille Clémentine Rossier, professeure en démographie à l’Université de Genève. Les raisons? Selon la chercheuse, elles sont diverses: «Certains refusent de programmer un enfant ou d’imposer une vie à un enfant, tandis que d’autres craignent de ne pas être de «bons parents» ou de mettre en péril leur couple.»

Emilie*, 23 ans, étudiante en droit, souhaite avoir une carrière professionnelle. «Si on a certaines ambitions, c’est entre 30 et 40 ans qu’il faut s’investir à plein-temps, explique-t-elle. Dans le domaine juridique, c’est difficile de combiner carrière et enfants car les mandats prestigieux sont confiés à des personnes qui peuvent travailler à 150%.» De plus, Emilie trouve que tout devient plus compliqué dès qu’on a la responsabilité d’un enfant. Quant à Caroline*, étudiante de 23 ans, elle pense qu’on ne parle pas assez du fait qu’une naissance bouleverse le quotidien et de l’engagement que cela suppose. «J’ai peur d’être responsable de quel­qu’un alors que je n’ai pas l’impression de l’être pour moi, et surtout, de ne plus être libre de mes choix», raconte-t-elle. Par ailleurs, Caroline avoue que la grossesse et l’accouchement ne l’attirent pas du tout. «Cela me met mal à l’aise d’imaginer porter quelqu’un en moi, dit-elle. Je vois tout cela très biologiquement et ne l’idéalise pas du tout.»

Des normes sociétales

Les deux étudiantes regrettent qu’il y ait encore des pressions sur les femmes. Selon Clémentine Rossier, l’enfant reste perçu comme une composante essentielle d’une vie réussie dans notre société, et encore plus pour les femmes. «On ne dirait jamais à un homme qui s’investit professionnellement qu’il est égoïste», déplore Emilie. Caroline parle de «tabou», même si elle constate que la société devient plus ouverte. «L’imaginaire de la famille traditionnelle est en train d’évoluer», observe-t-elle. Clémentine Rossier développe: «Jusqu’à l’invention de la contraception moderne, la sexualité ne pouvait pas être totalement dissociée de la reproduction. Aujourd’hui, les couples peuvent choisir de rester sans enfants.» Emilie a un copain, qui ne veut pas d’enfants non plus pour l’instant. «On peut avoir une vie de couple satisfaisante sans enfants comme on peut être frustré avec un enfant», avance-t-elle. Caroline n’est pas en couple, mais ressent une certaine pression de sa famille. «Je ne leur en ai jamais parlé concrètement mais, pour mes parents, il est normal que j’aie un jour des enfants», commente-t-elle.

*Prénoms d’emprunt

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