Dépeindre sa vision du cycle des générations en dessins et en mots
L'article en ligne - BD» Sur les traces de l’enfance et de la vieillesse, le dessinateur Laurent Bonneau relate son rapport à la paternité.
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Christelle Stieger
24 août 2021 à 23:09
La bande dessinée intitulée Le Regard d'un père illustre les questionnements d’un homme quant à ses attaches familiales. À la tête de ce projet se cache le grand dessinateur Laurent Bonneau. Dans cette bande dessinée, il pose les questions du regard des autres, et plus particulièrement celui de son père sur son travail.
Cette bande dessinée pleine d’humanité relate de ce qu’il y a de plus essentiel chez l’homme : les souvenirs. Il n’y a de vie sans souvenirs ; se rappeler, c’est vivre à nouveau. C’est pourquoi l’auteur de cette bande dessinée déploie des bribes de sa vie. Ainsi, on y retrouve un goût prononcé pour la mélancolie et les paysages. Déjà dans l’avant-propos est expliqué le rapport à l’observation. Le cycle de la vie y est également évoqué : nous sommes des enfants et un jour nous serons des parents, les piliers de nos enfants. De cette façon, l’ouvrage dépeint une ode que fait Laurent à la paternité. Il s’agit d’écrire au nom de son père et au nom du père qu’il est devenu lui-même.
L’une des singularités que l’on peut souligner au fil des pages est la façon d’aborder le texte. En effet, il n’y a pas de véritables échanges de paroles. A la place, il est entièrement question d’un dialogue interne. Le rapport aux mots qu’a l’auteur se veut plein de sensibilité. Il va à l’essentiel, rien n’est surfait. Certains passages résonnent même avec la philosophie. L’une des questions qui se pose est celle du regard que l’on a vis-à-vis de nos parents. Ce regard est-il influencé par notre regard d’enfant resté imprégné ? Comme un bilan de sa vie passée, initié par la naissance de sa fille, cette bande-dessinée se présente comme une œuvre accessible à tout un chacun, en cela qu’elle s’adresse à l’humain dans une grande humilité.
L’homogénéité textuelle s’oppose à la gravité de certains dessins. Il n’y a qu’à en voir les traits pour saisir cela. Ceux-ci sont d’une grande maîtrise, ils se présentent principalement sous des couleurs sombres. Les planches sont donc souvent en noir blanc, bien que d’autres soient dotées de couleurs vives. Cette quête autobiographique se présente par le biais de différentes techniques : le fusain, la peinture et le crayon couleur. Certains dessins semblent être des retranscriptions d’images photographiques. Cela donne un air tout à fait intimiste aux planches présentées. Les dessins sont souvent flous, voire indéfinissables. Cela résulte certainement du flou suscité par les souvenirs. On ne se remémore jamais complètement. Les traits sont d’une grande technicité, les visages nous paraissent palpables. Et si on veut aller à l’essentiel on peut dire que grosso modo il s’agit d’une introspection déposée sur de nombreuses pages, 120 au total. L’ensemble est divisé en chapitres. Chacun est initié par un bout de texte. Les images défilent au gré des réflexions. Celles-ci prêtent sur l’homme, sur ses origines, sur son rapport à l’enfant intérieur.
De cette lecture, il est clair de constater que le dessin peut être le fruit de l’introspection. L’auteur souligne en fin de bande dessinée que ses parents ont fait preuve d’une grande tolérance quant au fait que leur fils se construise par le biais du dessin. Ainsi, le scénariste de bande dessinée termine en soulignant la volonté qu’il a, d’à son tour laisser ses enfants s’exprimer.
Titre: Le Regard d’un père
Auteur: Laurent Bonneau
Edition: Des ronds dans l’O éditions
Bande dessinée Ados-adultes
Collection Un Roman graphique
Parution : 10 mars 2021
120 pages couleur
https://desrondsdanslo.com/LeRegardDUnPere.html
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