16 novembre 2022 à 02:01
Le 15 octobre dernier, quatre lettres de lecteurs s’interrogeaient sur la nécessité d’investir 75 millions pour l’éducation numérique à l’école obligatoire. Douze jours plus tard, directeurs d’école, inspecteur et autres, acquis à la cause du projet EdNum, nous expliquaient ce qu’est l’éducation numérique à l’école, nous rassuraient qu’ils ne dépenseraient pas plus mais mieux (75 millions?) et que ce projet viserait à rétablir l’égalité.
Un directeur nous offrait même une comparaison entre éducation numérique et éducation routière. Il est évident que nous devons protéger les enfants des dangers du numérique, comme de ceux de la route. Mais l’éducation routière ne nécessite que quelques heures annuelles et n’implique pas l’achat de coûteux vélos. C’est là qu’il faut toute proportion garder.
Nous n’avons pas attendu EdNum pour faire de l’éducation numérique. La question n’est pas pour ou contre le numérique, c’est l’ampleur des moyens déployés pour un projet déjà anachronique. Nos collégiens «BYODés» porteront écharpe et gants devant leur ordinateur cet hiver. Nous parlons de restrictions énergétiques, mais nous n’évoquons jamais la possibilité de nous déconnecter parfois.
Au contraire, on nous avance la somme de 75 millions pour EdNum, alors que nous, enseignantes et enseignants, crions que nos besoins sont ailleurs, plus humains. Régler les inégalités numériques et faire fi des inégalités réelles? «Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent néanmoins insatisfaits. (…) Nous pensons trop et ne ressentons pas assez. Etant trop mécanisés, nous manquons d’humanité» (Chaplin, Le Dictateur, 1940).
Michèle Delaloye Gonzalez,
Fribourg
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