Astrid Epiney rectrice de l’Université de Fribourg
7 novembre 2017 à 05:00
Le doctorat – décerné par les universités après un travail de recherche de quelques années, en général – n’a pas toujours bonne presse: certains le considèrent comme inutile (du moins pour un travail dans l’économie privée ou le secteur public), d’autres prétendent que le taux de chômage serait (trop) élevé après ce passage à l’université. Finalement, on signale que le doctorat n’aurait pas d’effet positif sur le montant du salaire.
Ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans le détail des statistiques. Relevons, toutefois, qu’il est extrêmement difficile d’interpréter les chiffres existants, sans parler des grandes divergences entre les disciplines (souvent peu représentées par les chiffres). Sur cette base, force est de constater, comme l’a d’ailleurs fait le Conseil suisse de la science et de l’innovation dans un rapport de 2015, qu’il n’y a aucune évidence que le doctorat soit désavantageux et conduirait à un risque plus élevé de chômage. Au contraire, une analyse qualitative sur la base d’interviews menées dans ce même rapport a démontré que les détenteurs d’un doctorat sont très appréciés dans certaines disciplines et branches et que, dans les autres, le doctorat n’est en tout cas pas considéré comme un désavantage. Mais, avant tout, il convient de rappeler que ce parcours permet d’acquérir tout un ensemble de compétences et d’expériences utiles tant pour les personnes qui restent dans le monde universitaire que pour celles qui aspirent à une carrière dans l’économie privée ou le secteur public.
Ainsi, le doctorant doit prouver qu’il est capable de mener à bien un travail approfondi de longue haleine, de manière indépendante. Il doit vouloir aller «au fond des choses», ne pas perdre courage si telle ou telle expérience ne réussit pas ou si telle ou telle hypothèse ne peut pas être vérifiée. De plus, dans de nombreuses disciplines, un doctorat implique une maîtrise parfaite de la langue et la capacité de transcrire, de manière structurée, des concepts complexes, ceci parfois sur des centaines de pages. S’y ajoute, en règle générale, une expérience de travail au sein d’un groupe de recherche, qui implique non seulement un travail d’équipe, mais aussi différentes tâches d’enseignement, d’encadrement des étudiants et une parfaite organisation de son quotidien. Sans parler du fait que le doctorant doit s’intégrer dans une grande institution.
Au bout du chemin, il n’en résulte pas seulement l’accomplissement d’un travail de recherche, mais aussi une expérience et des qualités personnelles et professionnelles très riches et très utiles, également dans le monde du travail en dehors de l’université. Enfin, il ne faut pas oublier que la très grande majorité des docteurs ne reste pas dans le cadre universitaire, mais s’intègre parfaitement dans l’économie privée et le secteur public, où leur expérience est très appréciée. La formation doctorale contribue ainsi à former la relève pour l’ensemble de l’économie, sans oublier que les doctorants contribuent largement à la recherche de pointe et à l’innovation dans notre pays.
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