«C’est un jour historique!»
Bernois et Fribourgeois ont dit oui hier au transfert de Clavaleyres. Cette dernière fusionne ainsi avec Morat
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Nicole Rüttimann
10 février 2020 à 02:01
Votation » «Nous vivons un jour historique!» Le syndic de Clavaleyres, Jürg Truog, n’a pas caché son émotion, hier, à l’heure des résultats d’une votation décisive: La petite enclave bernoise de 50 habitants va devenir officiellement fribourgeoise. Les citoyens des deux cantons ont approuvé à une écrasante majorité le concordat sur le transfert de la commune de Clavaleyres au canton de Fribourg. Le corps électoral bernois l’a accepté à 89% (249 860 oui) et les citoyens fribourgeois l’ont plébiscité par 96,2% (68 939 oui). Avec un taux de participation s’élevant à 40,3% côté bernois et 36,1% côté fribourgeois. Une révolution intercantonale saluée par les autorités des deux cantons, réunies à Morat devant la presse, avant de partager ensemble une agape symbolique.
Cette validation par les urnes autorise dans le même temps Clavaleyres à convoler en justes noces avec sa voisine lacoise. La fusion devrait être effective au 1er janvier 2021 ou 2022, selon la durée de la procédure et la validation du transfert territorial par l’Assemblée fédérale (lire ci-dessous). Une fête de fusion sera organisée à Morat, réunissant les citoyens des deux communes.
Un score «phénoménal»
Initiateur et moteur de ce long processus, Jürg Truog a fait part de sa «très grande surprise et sa joie» à l’annonce du nombre de oui «phénoménal» enregistré, en particulier à Clavaleyres: pour celle-ci et Münchenwiler (Villars-les-Moines) combinées, le score s’élève à 90,3%, même davantage à Clavaleyres, selon le syndic. Celui-ci se félicite que la voix contraire de l’UDC bernoise ne soit pas parvenue à influencer l’opinion. «Je ne me serais jamais attendu à un résultat aussi haut! C’est la récompense, à mon sens, d’une bonne information aux citoyens et d’un grand et bon travail.» Et de se dire heureux que les citoyens l’aient suivi et compris, concluant: «C’est beau de pouvoir finir une carrière politique ainsi!» En effet, après dix ans au Conseil communal dont cinq en tant que syndic, il prendra sa «retraite politique» avec le «sentiment du devoir accompli», et une petite pointe de fierté de pouvoir «entrer dans l’histoire».
«Je m’attendais à 90 ou 92% pour Fribourg, mais je ne pensais pas autant pour Berne!» fait écho Christian Brechbühl, syndic de Morat, évoquant un résultat «incroyablement positif», fruit du travail accompli par toutes les instances. Et de souligner que les communes de Villarsel-sur-Marly et de Grangettes ont même dit oui à 100%, trois autres n’ont enregistré qu’un seul refus. Et Morat a elle-même dit oui à 94,3%. «Cela ne signifiera pas de grands changements puisque nous avons déjà nombre de services en commun. Mais voir un canton s’agrandir, cela n’est plus arrivé depuis très longtemps. Nous entrons dans l’histoire: un petit pas pour deux communes, un grand pas pour l’avenir!»
Un avis partagé par la vice-syndique de Morat et conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel: «C’est formidable! C’est vraiment un très beau résultat.» Et qu’en est-il des quelques pourcentages de non? «Ce sont plutôt des refus de principe au changement de canton, qui touche au cœur pour les Bernois, estime-t-elle. Pour la commune elle-même, le résultat est encore plus positif, c’est un bon signe que la collaboration fonctionne et elle continuera de le faire!»
Citoyen de Clavaleyres et conseiller communal depuis 16 ans, Stefan Herren avoue en tout cas avoir l’impression qu’on lui a «ôté un poids de la poitrine». «C’est un soulagement! J’étais inquiet que l’UDC ait pu faire pencher la balance. Je suis très heureux du résultat. Cela fait 15 ans qu’on parle de fusion, qu’on y travaille! D’abord, nous nous sommes concentrés sur Villars-les-Moines, puis, dès 2012, nous avons demandé au canton de Berne et parlé de cette fusion avec Morat. Si je ne pense pas intégrer le futur Conseil général (deux représentants de Clavaleyres siégeront au Conseil général jusqu’à la prochaine législature, en 2026, ndlr), j’aiderai volontiers à trouver des solutions pour l’harmonisation des taxes d’eau, de déchets et autres», expose-t-il.
Processus «inarrêtable»
Qu’en pense le canton? Réagissant à ce score «soviétique», le conseiller d’Etat fribourgeois Didier Castella se dit ravi de constater que «le bon sens peut générer des scores staliniens». Pour lui, «rien n’allait à l’encontre de cette fusion. Elle permettait à Clavaleyres de trouver une solution difficilement imaginable autrement. C’est aussi un retour de l’Histoire puisque Clavaleyres devait initialement être intégrée au canton de Fribourg.» C’est en effet un arbitrage de la Confédération qui l’a attribuée au canton de Berne en 1807.
Quant à savoir ce que gagnera le canton de Fribourg, «c’est la démocratie qui gagne, estime-t-il. Fribourg a offert une solution pour que les habitants de Clavaleyres puissent bénéficier de services dignes de ce nom.» Même si le processus n’est pas terminé, le conseiller d’Etat juge qu’il est «parti avec une telle force qu’il sera inarrêtable».
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