L’Italie fait le grand écart climatique
La Botte est ravagée par la chaleur et les incendies dans le sud, et par de violents orages dans le nord
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Ariel F. Dumont, Rome
26 juillet 2023 à 04:01
Météo » En Italie, c’est le grand écart climatique. Le pays est coupé en deux avec des violents orages dans le nord et des températures extrêmes à l’autre bout de la Péninsule. «Les Italiens doivent se préparer au pire», avait averti Antonio Sano, météorologue et fondateur du site Il Meteo.it, la semaine dernière. Il prévoyait des températures proches de 48 degrés dans certaines régions, des nuits supertropicales et des mers plus chaudes qu’aux Caraïbes, ainsi qu’un risque important d’incendies.
Ces anticipations se sont largement concrétisées, l’anticyclone africain Caronte (Charon), qui a pris la relève après le départ à la mi-juillet de son prédécesseur Cerberus, n’ayant visiblement pas l’intention d’abandonner le terrain.
A Rome, le thermomètre frôle à nouveau la barre des 40 degrés et le taux d’humidité est estimé à 60%. Résultat: les fontaines publiques sont prises d’assaut, les urgences sont débordées et les autorités sanitaires ne savent plus où donner de la tête.
Plan d’urgence adopté
Pour désengorger les services hospitaliers pris d’assaut, le Gouvernement italien a adopté un plan d’urgence.
Première mesure importante: la réintroduction d’un numéro vert mis en place durant la pandémie de coronavirus pour informer la population sur les mesures qui doivent être adoptées pour se protéger de la chaleur, les possibilités d’assistance à domicile et les adresses des centres de santé situés à proximité des patients ayant besoin d’une prise en charge immédiate.
Pour sa part, le syndicat des généralistes, FIMMG, a décidé de contacter les Italiens pris en charge par l’assurance-maladie via le réseau informatique utilisé pour l’envoi des ordonnances dématérialisées, afin de leur expliquer les risques liés à la canicule et de les inviter à suivre certaines règles comportementales.
Malgré cette campagne de communication coup de poing, les accidents se multiplient. Dimanche dernier à Rome par exemple, quatre promeneurs se sont évanouis aux alentours du Colisée. Et selon les experts, cette nouvelle vague de chaleur devrait perdurer au moins jusqu’à la fin de la semaine. «Je n’ai jamais vécu une telle situation, l’air est irrespirable, combien de temps cela va-t-il durer? Il faudrait commencer à réfléchir sérieusement au changement climatique et prendre enfin des décisions importantes», confie la pharmacienne Maria Freddiani.
Une violente tempête
Prendre des décisions importantes, l’idée est lâchée et revient désormais sur toutes les lèvres car depuis plus de deux semaines, la situation est dramatique d’un bout à l’autre du pays. Tandis que le sud de la Botte, où le thermomètre flirte avec des températures de 47,6 degrés, est dévasté par les incendies, dans le nord, des tempêtes d’une rare violence dévastent la Lombardie et la Vénétie.
Les rafales de vent atteignent 100 km/h, des orages violents se multiplient et la grêle flagelle les campagnes. Les images qui tournent en boucle sur toutes les chaînes de télévision montrent un paysage dévasté avec des arbres déracinés, des rues inondées, des voitures marquées par des grêlons de la taille d’une pomme et des campagnes ravagées.
Plusieurs lignes ferroviaires ont été interrompues et les réseaux électriques sont fortement endommagés. A Monza, la ville qui héberge chaque année le Grand Prix de formule 1 d’Italie, la gare est dévastée. Dans l’immédiat, les dégâts sont estimés à plus de 100 millions d’euros, mais ces anticipations sont provisoires, a souligné le gouverneur de la Lombardie.
La Confédération nationale des agriculteurs, Coldiretti, qui estime que 70% des récoltes sont compromises, demande au gouvernement de proclamer l’état de catastrophe naturelle et de débloquer des fonds au plus vite pour aider les agriculteurs en détresse. Les autorités régionales de Lombardie et de Vénétie, qui conseillent à la population d’éviter les déplacements, ont demandé au gouvernement de proclamer l’état d’urgence, une mesure déjà appliquée en mai dernier à l’Emilie-Romagne après les intempéries.
Tourisme estival menacé
Tandis que les météorologues annoncent une prolongation de la canicule et des intempéries, le gouvernement commence à s’interroger sur les retombées du changement climatique sur le tourisme. Notamment après les déclarations du ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, qui a profité de ses vacances en Italie pour envisager, sur Twitter, la fin du tourisme estival dans certaines régions en raison de la vague de chaleur.
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