6 septembre 2021 à 04:01
L’interpellation d’un député UDC sur la prétendue pratique d’«endoctrinement politique» et la nécessaire «surveillance» des enseignants (lire à ce sujet l’édition de La Liberté du 31 août dernier) paraît déclasser le canton de Fribourg en Hongrie de Viktor Orban ou en Brésil de Bolsonaro!
Comme dans la réponse du Conseil d’Etat, on doit d’abord y dénoncer une confusion entre le «politique» et le «partisan»: il est évident qu’un formateur n’a pas à véhiculer les idées d’un quelconque parti, d’autant plus qu’elles apparaissent souvent démunies ou opportunistes. Par contre, et ceci ne souffre pas de compromis, même helvétique, le devoir d’un enseignant digne de ce nom est d’ouvrir l’esprit critique des apprenants sur les problèmes de la cité, selon la définition étymologique du mot «politique»…
En première ligne, la crise climatique n’est en rien un slogan gauchiste ou écologiste – les élèves doivent absolument en comprendre les racines et les enjeux pour pouvoir s’en faire une opinion propre et s’engager concrètement pour le changement, parce qu’il s’agit ni plus ni moins que du futur de l’humanité.
Au lieu de camper sur des garde-fous administratifs, nos autorités devraient appuyer de leur confiance, dans sa tâche hautement éthique, le professeur, pilier de notre Ecole de qualité, tel que le définit le grand pédagogue Philippe Meirieu: «Un professionnel de l’apprentissage et un militant politique – au sens le plus noble du terme – engagé, au quotidien, dans la construction d’un monde à hauteur d’homme.»
Pierre-Yves Maillard,
formateur retraité,
Porto Alegre (Brésil)
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