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Canton

Eaux contaminées. les paysans pointés du doigt

Face aux pollutions en série des cours d’eau fribourgeois, les agriculteurs se remettent en cause

Pour l’Union des paysans fribourgeois, les installations agricoles sont autosurveillées pour limiter les risques d’accident dans les cours d’eau.

 Thomas Christen

Thomas Christen

10 mars 2023 à 02:01

Environnement » Lisier, limon, petit-lait, pesticides, fongicides, herbicides ou encore hydrocarbures. Si les cours d’eau fribourgeois sont contaminés en moyenne tous les trois jours (La Liberté du 2 février), les exploitants agricoles, souvent pointés du doigt à l’instar d’autres entreprises, tentent de revoir leurs pratiques pour à tout prix éviter les accidents. C’est du moins ce que soutient Fritz Glauser, le président de l’Union des paysans fribourgeois (UPF).

Pourtant, le phénomène de contaminations inquiète dans le canton. Pour mémoire, les députés socialistes Chantal Müller (Sugiez) et Simon Zurich (Fribourg), «choqués» par les annonces de pollutions, ont déposé, fin novembre, une question parlementaire au Grand Conseil, afin de connaître les mesures du canton contre ces pollutions.

Dans ses réponses rendues publiques récemment, l’Etat note «qu’entre 2020 et fin 2022, près de 1500 exploitations en lien avec les prestations écologiques requises (PER) ont été contrôlées, avec environ 50% d’exploitations non conformes en moyenne.»

Des résultats «positifs»

Les agriculteurs ne semblent pas nager en eaux troubles, d’après Fritz Glauser. Celui qui est également député libéral-radical estime même que les chiffres publiés par l’Etat à propos des exploitations agricoles «non conformes» sont «positifs» pour les agriculteurs qui peuvent alors revoir leurs méthodes de traitement des sols pour «s’améliorer.»

A cet égard, comment justifier des pollutions fréquentes? «Le seuil de tolérance des substances dans les cours d’eau a été modifié par le canton et est devenu plus sévère. Ces analyses sont toutefois utiles, parce qu’elles nous permettent de nous remettre en question», assure Fritz Glauser.

Il poursuit: «Beaucoup de paysans font preuve d’honnêteté avec l’autocontrôle et ont suivi des cours de formation continue, à la suite de failles dans le fonctionnement de leurs installations qu’ils ont eux-mêmes déclarées. Les points à améliorer sont en cours de correction selon la nouvelle législation avec un délai d’adaptation imposé aux exploitations», commente-t-il. Avant de néanmoins relever que ces contrôles sur les installations agricoles ne garantissent pas le risque zéro. «Des erreurs peuvent vite arriver.»

Le président de l’UPF rappelle que la décision de traiter ou non les cultures n’est pas prise à la légère: «Nous nous questionnons à deux fois avant de prendre une décision. Chaque intervention est justifiée pour lutter contre les maladies qui peuvent détruire les cultures. De plus, les distances entre les surfaces traitées et les cours d’eau ont aussi augmenté.» Une autosurveillance qui s’est d’ailleurs renforcée depuis «trois ou quatre ans», notamment sur les circuits d’eau et les machines agricoles, précise le député, en ajoutant que «des espaces clos sont dédiés au lavage des pompes à traiter, et les flux des liquides sont coupés de l’environnement direct pouvant être touché».

Pour le président de l’UPF, les dispositifs ont eux aussi évolué afin de diminuer les risques de dégâts dans les eaux fribourgeoises. «Nos machines agricoles sont équipées pour que le dosage de traitement soit plus précis, des GPS nous viennent également en aide.» Et d’enchérir que «les spécialistes en matière de traitement sont plus nombreux aujourd’hui qu’il y a quelques années», tandis que les agriculteurs «possèdent également des permis pour traiter les cultures».

Des autorisations de répandre des produits phytosanitaires sur les zones cultivées que tous les utilisateurs n’auraient pas forcément en leur possession, selon Fritz Glauser. Qui s’explique: «Aujourd’hui, nous ignorons d’où proviennent certaines substances qui ont été détectées.»

Un constat qui pourrait disculper en partie les erreurs des agriculteurs? «Nous souhaitons nous améliorer plutôt que de mettre la faute sur les autres», avance Fritz Glauser. «Cependant, nous doutons que tous les professionnels de la gestion des espaces verts publics, les centres sportifs et les privés respectent toujours les exigences légales en matière de traitement de leurs terrains.» En marge de ces incidents, «il reste les accidents des paysans qui doivent être réduits», concède Fritz Glauser.

Pour le président, le phénomène est «difficile à gérer», mais les agriculteurs «mettent tout en œuvre» pour éviter des dégâts. Et de conclure: «Rappelons que nous traitons pour maintenir nos cultures en bonne santé, dans le but de produire des denrées alimentaires répondant aux critères de qualité agroalimentaire des marchés pour nourrir notre population.»

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