29 décembre 2020 à 02:01
J’ai lu le 23 décembre dans mon quotidien préféré une interview de M. Jean-Pierre Danthine qui me pousse à réagir. L’entité au nom de laquelle M. Danthine prend la parole, Enterprise for society, est une émanation de plusieurs groupements d’intérêts économiques comme Nestlé, Philip Morris et d’autres multinationales via l’IMD Business school. On peut donc douter de l’absence de conflits d’intérêts des «experts» auxquels M. Danthine se réfère.
M. Danthine nous parle ensuite d’un «produit intérieur vert» (PIV). Or le biais principal de ce raisonnement est l’adjectif «intérieur». En effet, les émissions de CO2 de la Suisse ont diminué grâce à la délocalisation des activités très polluantes – activités d’extraction et activités industrielles polluantes. M. Danthine veut encourager les voitures électriques qui sont peu émettrices de CO2 en Suisse, car elles n’y sont pas produites, mais qui ont un effet délétère sur l’environnement dans les pays où les matières premières nécessaires à leur production sont extraites et transformées, avec un impact à long terme générateur de plus de CO2.
Le CO2 des produits «verts» que nous consommons avec bonne conscience n’est simplement plus dans le PIB ni dans le PIV. La finance suisse, elle, émet peu de CO2 et accapare les bénéfices: la Suisse, débarrassée du CO2 délocalisé (soi-disant «compensé»), est propre autant que les pays producteurs (ou recycleurs) sont très sales.
Les propos tenus par cet économiste de renommée internationale relèvent donc, à mon avis, moins du discours scientifique que de la propagande libérale emballée dans un discours aux apparences scientifiques.
Claire Faller,
économiste, Châtel-St-Denis
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