Les véhicules d'occasion se font rares
La guerre en Ukraine et la pénurie de semi-conducteurs assèchent le marché des voitures neuves. Avec des répercussions en cascade sur le marché de l’occasion.
Partager
Antoine Harari
17 août 2022 à 15:16
Automobiles » Mieux vaut un tiens que deux tu l’auras. C’est en substance le message qu’un garagiste vaudois a fait passer à Aurélie* alors qu’elle venait effectuer certains contrôles de routine avant de passer la visite pour sa voiture. Malgré les 2400 francs de réparation pour une voiture comptant plus de 150’000 bornes, son réparateur de confiance n’hésite pas.
«Il m’a dit qu’il n’avait rien en stock et que les occasions avaient trop augmenté pour que ce soit intéressant pour son garage d’en vendre. Du coup, je risquais de dépenser beaucoup d’argent pour me retrouver avec un véhicule de qualité similaire.» Pour ce qui est d’une voiture neuve, ce concessionnaire Peugeot basé dans le canton de Vaud lui parle alors d’un délai qui avoisine une année.
Phénomène général
Une simple recherche sur les sites spécialisés permet de constater que le problème dépasse le canton de Vaud et la Suisse romande. Ainsi, à Marly, sur le site internet de Garage automobile 2001, il n’y a tout simplement pas d’occasion. Et en ce qui concerne les voitures neuves, elles sont au mieux en «arrivage» quand il ne faut pas attendre les «délais d’usine». Il y a peu, la NZZ citait un calcul de l’agence d’information spécialisée dans l’automobile Auto-i-dat qui prévoyait un achat de 62’919 francs en moyenne pour une voiture neuve. Soit 17’000 francs de plus qu’en 2016! Une situation qui se ressent dans les ventes de la branche.
Même chose à Genève, où les temps sont à la résignation. «Avant, nous avions 3-4 véhicules à proposer à un client. Maintenant, c’est soit il prend la voiture que nous lui proposons, soit il repart les mains vides», explique un vendeur. Une situation qui ne surprend pas Laurent Pignot, responsable presse auprès du TCS. Il confirme que les délais à rallonge sont de mise également pour les voitures allemandes. «Il y a d’une part la pénurie de semi-conducteurs et de l’autre le problème de la guerre en Ukraine où certains constructeurs avaient des usines.» A cela vient s’ajouter le problème des leasings, qui représentent environ un tiers des ventes en Suisse. «Lorsque le contrat se termine, les constructeurs reprennent leurs voitures et les conducteurs se retrouvent à pied», poursuit-il.
«Soit le client prend la voiture que nous lui proposons, soit il repart les mains vides.»
Un vendeur
Une contraction de la demande automobile qui a poussé les producteurs à produire moins durant le Covid. De même, les consommateurs qui avaient reporté leur achat sont venus encore empirer la situation. Enfin, les loueurs de voitures qui ont vidé une grande partie de leur parc automobile en 2020 et 2021 ont racheté massivement au début de cette année.
Marché pas flexible
Le marché de l’occasion, qui n’est pas flexible par définition, s’en est ressenti. «C’est simple, en trente ans de carrière, je n’ai jamais vu une situation pareille. Les voitures d’occasion connaissent un boom sans précédent», raconte le consultant Nicolas Leuba. Le président de la section vaudoise et membre du Comité central suisse de l’UPSA (Union professionnelle suisse de l’automobile), explique qu’en ce moment, les voitures d’occasion s’échangent au-dessus du prix recommandé par Eurotax, le système de valorisation européen pour les reprises de voiture. «Un client qui veut une voiture rapidement devra la prendre en stock sans choisir la moindre option.» Impossible donc de faire la fine bouche.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus