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Et si les machines nous rendaient moins performants?

Le doctorant en psychologie Simon Thuillard étudie de près nos réactions face au stress induit par nos échanges avec un environnement de plus en plus mécanisé.

Site de l'Université Miséricorde. Photo Lib/Alain Wicht, Fribourg, le 18.10.2017Alain Wicht/Alain Wicht/La LibertŽ

Camille Besse

Camille Besse

17 mars 2022 à 10:58

Temps de lecture : 1 min
Trois minutes pour présenter à un auditoire profane le sujet de ses recherches. C’est le défi que pose aux doctorants le concours de vulgarisation scientifique Ma thèse en 180 secondes, qui aura lieu le 31 mars prochain. A cette occasion, les candidats fribourgeois nous dévoilent les coulisses de leur travail. Plongée au cœur des laboratoires universitaires.

C’est un Simon Thuillard détendu qui nous attend devant un thé, au Café de la Presse, à Fribourg. En main, deux ouvrages, piochés dans la boîte à livres de l’entrée. Moby Dick et un titre de science-fiction. Le doctorant de 30 ans confie être amateur de promenades lectures. «Au début de ma thèse, j’ai eu une période où je travaillais trop et j’ai dû apprendre à profiter vraiment de mon temps libre. J’ai découvert un itinéraire proche de chez moi, où je peux me déplacer de banc en banc et lire tout en me baladant.»

Une activité qui permet au Vaudois de découvrir la campagne fribourgeoise, où il s’est installé en juin 2018, en vue d’intégrer l’équipe du projet Stress social et performance dans les équipes humain-machines, au sein du Département de psychologie de l’Université de Fribourg.

Vos recherches portent sur un facteur psychologique, le stress, que vous étudiez dans un laboratoire. Comment vous y prenez-vous?

Simon Thuillard: C’est justement ce qui m’a motivé dans ce projet. A l’inverse des recherches que l’on mène sur le terrain, un laboratoire permet de répliquer plusieurs fois la même situation sur différents groupes. Les deux types de démarches sont complémentaires. Pour le projet, j’ai élaboré dans le détail trois expériences qui ont ensuite été réalisées par des étudiants en psychologie.

Par exemple?

Dans l’une d’entre elles, les participants étaient d’abord conviés à faire une tâche «inutile», à savoir réussir un exercice qui paraît simple mais à un niveau très difficile. Nous détruisions ensuite le résultat sous les yeux de la personne testée qui recevait en plus un feed-back négatif sur son travail. Ce retour était soit transmis par un humain, par le biais d’une lettre manuscrite, soit par une prétendue intelligence artificielle.

Les étudiants étaient alors priés de refaire un exercice similaire mais cette fois-ci réalisable à leur niveau. L’objectif était de déterminer si le feed-back transmis par la machine avait un impact plus grand sur leurs performances, lors de la deuxième tâche, que celui donné par un humain.

Ces propos négatifs sont donc vecteur de stress?

Oui. Dans le cadre du projet, je me suis concentré sur trois «stresseurs sociaux» différents. Celui induit par le retour négatif et utilisé dans la première expérience, à savoir une remarque peu agréable sur un travail effectué. Le stress que provoquent les tâches dites illégitimes: le stagiaire à qui l’on va demander uniquement de s’occuper des cafés, ou, également dans le cas de la première expérience, un travail difficile qui ne sert à rien. Et le stress causé par l’exclusion ou l’ostracisme social: celui que l’on ressent, par exemple, lorsque l’on n’est jamais convié aux apéros entre collègues.

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