Zurich. Un champignon luminescent découvert par deux artistes
Deux artistes ont découvert par hasard un nouveau champignon luminescent dans la forêt de Zurich-Albisrieden. Cette espèce n’était pas connue pour émettre de la lumière, a indiqué mardi l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
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ATS
7 janvier 2025 à 10:59, mis à jour à 11:11
Les champignons lumineux ou bioluminescents sont souvent associés aux régions tropicales, mais certains poussent aussi en Suisse. Les artistes Heidy Baggenstos et Andreas Rudolf travaillent d’ailleurs depuis plus de dix ans avec des organismes bioluminescents.
Ils ont ainsi récolté quelques échantillons d’un champignon lumineux qu’ils avaient découvert grâce à une lueur verte repérée à travers leur appareil photo. Ils ont d’abord pensé qu’il s’agissait de Mycena haematopus, une espèce bioluminescente connue.
Mais de retour dans leur atelier, ils ont constaté qu’il s’agissait de Mycena crocata, ou mycène à lait orangé, champignon connu pour son latex de couleur safran, et qui n’avait encore jamais été décrit comme bioluminescent.
Quantité de lumière émise mesurée
En collaboration avec Renate Heinzelmann, mycologue au WSL, ils ont approfondi la caractérisation de cette nouvelle découverte. Les artistes ont mesuré la quantité de lumière émise par les différentes parties du champignon à l’aide de poses longues et d’un luminomètre, qui amplifie les lueurs trop faibles pour l’appareil photo.
«La plupart des expériences ont été réalisées par les artistes. Ils ont collecté les échantillons, pris les photos et effectué les mesures de lumière», souligne la chercheuse, citée dans le communiqué.
Processus chimique
La bioluminescence est un processus chimique par lequel les organismes vivants produisent de la lumière. Les champignons ont développé leur propre mécanisme: l’étape-clé est la conversion de la luciférine par l’enzyme luciférase en un produit instable, qui libère de l’énergie sous forme de lumière.
Les mesures de luminosité ont révélé que Mycena crocata n’est pas lumineux à l’exception de la base du pied, et que le mycélium était le plus souvent la source de la lumière verte. C’est pourquoi le bois en décomposition sur lequel pousse le champignon émet lui aussi une lueur verte qui peut persister quatre heures, jusqu’à ce que le bois se dessèche.
Lorsque Heidy Baggenstos et Andreas Rudolf ont établi des cultures pures de mycélium dans des conditions optimales, la bioluminescence a duré jusqu’à 164 jours. Les expériences génétiques menées par Renate Heinzelmann ont confirmé l’identité de l’espèce, ainsi que la présence de gènes liés à la bioluminescence que l’on retrouve dans tous les champignons lumineux du genre Mycena.
«La bioluminescence est sous-étudiée, donc plus on cherchera, plus on en trouvera», conclut la chercheuse. Avec les deux artistes, elle a publié cette découverte dans la revue spécialisée Mycoscience.