Criminalité. Violences sexuelles: l'abbé Pierre visé par 9 nouvelles accusations
L'abbé Pierre, longtemps figure iconique en France pour son action envers les plus démunis, est visé par 9 nouvelles accusations de violences sexuelles. Parmi elles figurent un viol sur mineur et des "abus incestueux", selon un rapport du cabinet Egaé publié lundi.
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ATS et AFP
13 janvier 2025 à 16:55, mis à jour à 18:04
"Les faits décrits se sont déroulés des années 60 aux années 2000, la plupart du temps en France et parfois à l'étranger", peut-on lire dans ce rapport qui porte à 33 le nombre de témoignages visant le prêtre décédé en 2007.
Une membre de la famille de l'abbé Pierre a indiqué à Egaé avoir subi de sa part des "contacts sexuels sur ses seins et sa bouche à la fin des années 90". Un autre témoignage fait état d'un "acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur".
Les personnes qui témoignent vont de la "salariée d'un hôtel dans lequel séjournait" l'abbé Pierre, aux "soignantes travaillant dans des hôpitaux" où il était hospitalisé, à une volontaire pour un camp de jeunes ou une mission humanitaire, en passant par une membre de la famille ou encore à une hôtesse de l'air.
Troisième rapport
Il s'agit du troisième rapport du cabinet mandaté par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements de l'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès.
En juillet 2023, la première salve de révélations basées sur 7 témoignages avait provoqué une onde de choc tant l'abbé Pierre, défenseur inlassable des mal-logés et des plus démunis, a longtemps fait figure d'icône.
Onde de choc
Fondé par l'abbé Pierre, Emmaüs regroupe des associations et structures de solidarité présentes dans une quarantaine de pays.
En juillet 2023, la première série de révélations basées sur sept témoignages avait provoqué une onde de choc en France tant le prêtre, défenseur inlassable des mal-logés et des plus démunis, y a longtemps fait figure d'icône.
En septembre, un second rapport contenant 17 nouveaux témoignages avait conduit la Fondation Abbé Pierre à annoncer sa décision de changer de nom et Emmaüs à fermer définitivement le lieu de mémoire dédié au prêtre situé à Esteville (Seine-Maritime).
Les derniers témoignages "ne permettent absolument pas de dresser un état des lieux exhaustif des comportements de l'abbé Pierre", insiste le cabinet Egaé dans son rapport, faisant état "d'autres témoignages, parfois anonymes ou incomplets".
Conférence des évêques "horrifiée"
Se disant "horrifié(e)" par les nouvelles révélations, la Conférence des évêques de France (CEF) a de son côté "encouragé toute personne agressée par l'abbé Pierre à se rapprocher, si elle le souhaite, de l'un des dispositifs d'écoute ou d'accompagnement de l'Eglise" ou celui d'Emmaüs.
A la suite des précédentes révélations, la CEF avait ouvert mi-septembre l'accès aux documents, sans attendre le délai de 75 ans après la mort de l'abbé Pierre en 2007.
La CEF "redit sa détermination à aider autant qu'elle le pourra afin que toute la vérité possible soit faite sur les crimes commis par l'abbé Pierre et les silences dont il aurait pu bénéficier", indique-t-elle dans un communiqué publié lundi.
Afin de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant permis à l'abbé Pierre de "ne pas être inquiété", une commission d'experts indépendants, dirigée par la sociologue Céline Béraud, a été mise en place. Ses travaux devraient durer deux ans.