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Commerce. Les commerçants américains ont le vent en poupe, pas l'Europe

Bonnes perspectives pour les distributeurs américains, moins pour les européens: le contexte politique et économique pèse lourd sur l'activité du secteur de la distribution, dont la bonne santé dépend de l'envie des ménages à dépenser dans leurs rayons.

Aux Etats-Unis, le contexte semble sain avec une réaccélération des dépenses de consommation au cours du second semestre 2024 et une très bonne configuration pour l'année à venir. (archives)KEYSTONE/EPA/OLGA FEDOROVA

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ATS, AWP et AFP

Aujourd’hui à 11:02, mis à jour à 11:08

Temps de lecture : 3 min

Pour son premier rassemblement de la fédération mondiale de la distribution, la déléguée générale de la fédération patronale des supermarchés (FCD) française Layla Rahhou a été surprise de la différence d'états d'esprit.

"Les Américains sont très optimistes, les Européens beaucoup moins", a-t-elle détaillé à l'AFP dimanche soir, en marge du salon du commerce National Retail Forum (NRF) qui se tient à New York.

Au-delà d'une dimension culturelle, il y a surtout des facteurs objectifs.

"Prudemment optimistes"

Aux Etats-Unis, "le contexte semble sain avec une réaccélération des dépenses de consommation au cours du second semestre 2024 et une très bonne configuration pour l'année à venir", a déclaré lundi lors d'un point-presse au salon NRF Sarah Wolfe, économiste pour la banque privée Morgan Stanley Wealth Management, évoquant des "perspectives prudemment optimistes".

C'est moins le cas en Europe, où le pessimisme ambiant est nourri par l'instabilité politique dans plusieurs pays.

La situation des supermarchés n'y est toutefois pas uniforme. "Une partie de l'Europe se reprend déjà très bien avec des ventes qui sont déjà reparties en croissance", aussi bien en chiffre d'affaires qu'en volumes vendus, explique l'analyste financier Clément Genelot, spécialiste du secteur pour la banque d'affaires européenne Bryan Garnier & Co.

C'est notamment le cas en Europe du sud et au Royaume-Uni où le grand leader Tesco (28,5% du marché dans le pays) vient d'annoncer des ventes de Noël record.

En revanche, deux pays se distinguent plutôt négativement: la Pologne où le leader Biedronka, propriété du portugais Jeronimo Martins, et le discounter allemand Lidl se livrent depuis presque un an à une "guerre des prix très dure", observe M. Genelot.

Et la France, où l'incertitude politique est immense. Va-t-il y avoir des hausses d'impôts? Certains médicaments vont-ils être moins remboursées, certaines aides sociales moins distribuées? En l'absence de budget pour 2025, les ménages vont, dans l'attente, avoir tendance à épargner plutôt qu'à dépenser.

Plusieurs acteurs du secteur ont déjà connu des déboires en France ces derniers mois. Déroute de Casino, étranglé par sa dette et qui a dû vendre la quasi-totalité de ses magasins grands formats à ses concurrents. Plans sociaux chez Casino encore, Auchan et dans une moindre mesure Carrefour.

Walmart fait des jaloux

Et procédures judiciaires contre ce dernier émanant de la CFDT, qui lui reproche de céder la gestion de nombreux magasins à des tiers franchisés ou locataires-gérants, faisant perdre acquis sociaux et salaire à un nombre toujours plus important de collaborateurs, plus de 27.000 depuis 2017 selon elle.

Certains acteurs s'en sortent toutefois bien, à commencer par le leader E.Leclerc, avec près du quart du marché.

Mais les performances boursières du leader mondial Walmart sont jalousées par l'ensemble des distributeurs.

Le mastodonte américain, roi de la "big box" - gigantesque magasin où tout s'achète, de la nourriture aux vêtements en passant par les télévisions -, a relevé ses objectifs financiers pour l'exercice décalé 2025 mi-novembre, comme lors des deux trimestres précédents.

"Ça fait dix ans que tout le monde dans le secteur a les yeux rivés sur Amazon, aujourd'hui tout le monde a les yeux rivés sur Walmart", commente le PDG de VusionGroup Thierry Gadou, spécialiste français de l'étiquette électronique et important prestataire de l'américain.

Un des facteurs de succès à ses yeux: la capacité de Walmart à faire de ses magasins des entrepôts de livraison de ventes en ligne. Aux Etats-Unis, les ventes e-commerce du distributeur ont bondi de 22%.