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Union européenne. Ursula Von der Leyen en tournée dans les Balkans

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a entamé mercredi une tournée des Balkans occidentaux où elle visitera chaque pays candidat à rejoindre l'UE. Tous espèrent, après des années d'attente, profiter du retour en grâce de l'élargissement.

"L'Albanie est sur la bonne voie pour rejoindre l'Union européenne, et je vous remercie pour votre travail, votre engagement et votre amitié", a dit Ursula von der Leyen au Premier ministre socialiste, Edi Rama.KEYSTONE/EPA/MALTON DIBRA

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ATS et AFP

Aujourd’hui à 17:56, mis à jour à 18:18

Temps de lecture : 3 min

"Soyez certains que l'élargissement est la priorité absolue de mon nouveau mandat. Nous disposons désormais de tous les outils et instruments nécessaires", a déclaré Mme von der Leyen dès la première étape de son voyage, en Albanie.

"L'Albanie est sur la bonne voie pour rejoindre l'Union européenne, et je vous remercie pour votre travail, votre engagement et votre amitié", a-t-elle lancé au Premier ministre socialiste, Edi Rama, lors d'une conférence de presse commune. "Nous sommes des fanatiques de l'UE", lui a-t-il répondu.

Mme Von der Leyen est ensuite attendue en Macédoine du Nord, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, au Kosovo et au Monténégro.

"Un signal fort"

Cette tournée est "un signal fort" que l'élargissement est de nouveau sur la table, explique Heather Grabbe, chercheuse et membre du groupe de réflexion Bruegel. "Qu'elle y aille si tôt dans son second mandat, et qu'elle y aille régulièrement, est un geste politique important en ce qu'il montre son intérêt et son engagement".

Son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, avait affirmé dès son élection qu'il n'y aurait pas d'élargissement sous sa présidence, souligne Mme Grabbe. Avant lui, Jose Manuel Barroso n'en avait pas non plus fait un dossier prioritaire.

Invasion de l'Ukraine

L'élargissement à ce bloc d'un peu moins de 18 millions d'habitants entouré de pays membres est un débat vieux de 20 ans. Des années qui ont vu s'éroder le soutien populaire à rejoindre l'UE dans certains pays, ou la volonté politique de mettre en place les réformes attendues dans d'autres.

Mais le vent a tourné avec l'invasion russe de l'Ukraine qui a "redynamisé" le processus, estime Mme Grabbe.

Plan de croissance

"J'imagine que sa tournée aura un ton plutôt optimiste", avance Jelica Minic, vice-présidente de l'ONG European Movement in Serbia. "D'autant qu'un nouveau mécanisme vient d'être lancé pour rapprocher toute la région de l'Union européenne" ajoute-t-elle en référence au plan de croissance, lancé en novembre 2023.

Pour lutter contre les influences économiques de la Chine et de la Russie, l'UE a mis sur la table six milliards d'euros, sous la forme d'un plan de croissance visant à doubler les capacités économiques de la région.

Le plan est articulé autour de quatre piliers : intégration au marché unique, marché commun régional, accélération des réformes fondamentales et augmentation de l'assistance financière.

Conditions strictes

Mais les paiements seront soumis à des conditions strictes quant à la réalisation des réformes - et notamment concernant l'alignement des partenaires sur la politique étrangère et de sécurité commune.

L'alignement diplomatique sera donc probablement au menu des discussions, en particulier en Serbie : Belgrade n'a jamais appliqué de sanctions contre Moscou, et le président serbe Aleksandar Vucic a remercié dimanche son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un appel téléphonique, d'avoir assuré que la Russie fournirait des quantités suffisantes de gaz à la Serbie cet hiver.

"Ce qu'elle va dire, ce qu'elle va faire en Serbie, sera observé", avance Lukas Macek, à la tête du Centre Grande Europe de l'Institut Jacques Delors, "parce elle a pu être critiquée - comme d'autres responsables européens d'ailleurs, pour ne pas avoir dit suffisamment clairement à M. Vucic quelles étaient les limites, ce que l'UE pouvait ou non accepter en termes de politiques illibérales".

Invitation de Poutine déclinée

M. Vucic, qui a fait de ses constants revirements entre l'Est et l'Ouest la clef de voûte de sa politique étrangère, a cependant décliné lundi l'invitation de M. Poutine à assister au sommet des Brics cette semaine.

Autre question brûlante qui pourrait être abordée, celle du calendrier, alors que certains pays sont candidats depuis 20 ans et se lassent d'attendre.

"Je ne pense pas qu'une adhésion totale soit possible avant la fin du mandat de la Commission" en 2030, assure M. Macek. "Je pense qu'il est possible pour certains pays comme le Monténégro, et peut-être d'autres, de s'assurer qu'à la fin du mandat de la Commission, les négociations soient clôturées".