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Proche-Orient. Trois journalistes tués au Liban, qui dénonce un "crime de guerre"

Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban. Le gouvernement libanais a dénoncé un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.

Selon les autorités libanaises, 18 journalistes représentant sept médias étaient présents sur les lieux de la frappe israélienne.KEYSTONE/AP/Mohammad Zaatari

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 12:12, mis à jour à 12:27

Temps de lecture : 4 min

L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, dont des enfants, selon la Défense civile.

Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman et d'un ingénieur de radiodiffusion dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".

Ce bombardement est survenu pendant la nuit à Hasbaya, une localité du sud du Liban située dans une zone jusque là épargnée, où les journalistes s'étaient installés avec d'autres équipes, selon des médias locaux. Israël n'a pas commenté cette frappe qui, selon le ministère libanais de la Santé, a également fait trois blessés.

"Agression délibérée"

Mercredi, la même chaîne avait indiqué qu'une frappe israélienne avait touché un bureau qu'elle avait évacué à Beyrouth. La chaîne du Hezbollah Al-Manar a également annoncé la mort à Hasbaya d'un de ses vidéojournalistes.

"La nouvelle agression israélienne visant des journalistes (...) fait partie" des "crimes de guerre commis par l'ennemi israélien", a dénoncé le premier ministre libanais Najib Mikati dans un communiqué. Il a ajouté que l'attaque était "délibérée" et visait à "terroriser les médias pour dissimuler les crimes et les destructions".

"L'ennemi israélien a attendu la pause nocturne des journalistes pour les surprendre pendant leur sommeil", a renchéri le ministre de l'Information, Ziad Makari, sur X, précisant que 18 journalistes représentant sept médias étaient présents.

"L'ennemi israélien a visé le lieu de résidence des journalistes à Hasbaya", a affirmé un journaliste de la chaîne locale Al-Jadeed, filmé sur place le visage recouvert d'une couche de poussière grisâtre, devant son lit enfoui sous les décombres de son bungalow.

Poursuite des frappes

Des frappes ont également visé la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du Hezbollah, dont l'une a détruit deux bâtiments et provoqué un incendie, selon l'agence de presse libanaise Ani.

Les combats font rage pendant ce temps dans le sud du Liban, où l'armée israélienne a annoncé avoir perdu dix soldats en deux jours, soit 32 depuis le début de son opération terrestre le 30 septembre, selon un bilan établi par l'AFP.

Vingt morts à Khan Younès

Dans la bande de Gaza, une frappe israélienne a fait quatorze morts, dont neuf enfants, et une autre a tué six personnes vendredi à Khan Younès, dans le sud du territoire, selon la Défense civile. L'armée israélienne a indiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".

Depuis le 6 octobre, Israël concentre son offensive principalement dans le nord du territoire palestinien, affirmant que les combattants du Hamas tentent de s'y regrouper.

Les pourparlers en vue d'une trêve pourraient reprendre après un appel lancé par les Etats-Unis à Israël, à saisir l'occasion créée par la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.

Les précédentes négociations indirectes menées sous l'égide du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, en vue d'un cessez-le-feu, n'ont pas abouti.

"Course contre la montre"

Le Hamas s'est dit "prêt à un arrêt des hostilités" mais a exigé d'Israël un "engagement à un cessez-le-feu", un "retrait de la bande de Gaza" et un "accord sérieux pour un échange" entre des otages israéliens et des prisonniers palestiniens détenus par Israël, selon un responsable du mouvement. Ces conditions ont toujours été rejetées par Israël.

Après des discussions au Caire entre des responsables égyptiens et une délégation du Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu va envoyer au Qatar son responsable du renseignement extérieur, le Mossad, selon son bureau. David Barnea doit rencontrer dimanche le chef de la CIA, Bill Burns, et le Premier ministre qatari pour discuter des "différentes options pour reprendre les négociations sur la libération des otages", d'après la même source.

Le numéro un du Mossad s'est déjà entretenu avec des responsables égyptiens dans le cadre des efforts pour un "retour des négociations et pour un cessez-le-feu", selon la chaîne Al Qahera News, proche du renseignement égyptien.

La communauté internationale tente toujours de contenir une escalade militaire dans la région, alors qu'Israël a menacé de riposter à l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre son territoire le 1er octobre.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a averti vendredi qu'une "course contre la montre" était engagée pour trouver une issue à la guerre au Liban et éviter un "embrasement généralisé".

Revenant de sa onzième tournée au Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, doit rencontrer le Premier ministre libanais, Najib Mikati, vendredi à Londres. Il s'est auparavant entretenu avec le ministre jordanien des Affaires étrangères, qui a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que le pays arrête le "nettoyage ethnique" en cours à Gaza.