Logo

Suisse

Ueli Maurer en douceur à Riyad

Le président souligne la réaction «nuancée» de Berne suite au meurtre sauvage de Jamal Khashoggi

Le président de la Confédération Ueli Maurer saluant l’ambassadeur d’Arabie saoudite en Suisse en janvier dernier.

 Philippe Boeglin

Philippe Boeglin

8 novembre 2019 à 02:01

Arabie saoudite » «L’accueil très chaleureux» lui a plu. En visite le mois dernier en Arabie saoudite, Ueli Maurer a visiblement apprécié sa rencontre avec les décideurs du royaume ultra-conservateur.

Cette bonne atmosphère ne serait pas due au hasard. Selon le président de la Confédération, l’attitude suisse suite au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi y est pour beaucoup. Dans une note d’information présentée avant-hier au Conseil fédéral, et dont nous avons consulté une copie, le ministre UDC des Finances écrit que «notre réaction nuancée et expliquée avec soin à la suite du meurtre de Jamal Khashoggi a été appréciée par Riyad».

Les termes choisis peuvent surprendre, car le sujet Jamal Khashoggi demeure très sensible. Pour rappel, le journaliste et critique du régime autoritaire a été assassiné dans l’ambassade d’Arabie saoudite en Turquie, il y a environ une année. Outre l’attaque sur une personnalité à l’opinion politique divergente, ce sont les circonstances sordides de sa mort qui ont choqué à travers le monde. Jamal Khashoggi a été tué puis découpé en morceaux. Une quinzaine d’agents saoudiens auraient pris part à son exécution.

Mis sous forte pression internationale, le prince et homme fort du royaume wahhabite Mohammed ben Salmane a traduit en justice onze suspects. Lui-même dément toute implication. L’ONU a ouvert une enquête.

Vu la brutalité de l’assassinat, fallait-il mettre en avant la «réaction nuancée» de la Suisse au moment des faits? «Ce meurtre était inhumain et doit être condamné le plus sèchement possible. La Suisse doit dire clairement ce qu’elle pense à son interlocuteur saoudien», réagit le conseiller aux Etats Didier Berberat (ps), membre de la commission de politique extérieure. Le Neuchâtelois (qui ne s’est pas représenté aux élections) ne cible cependant pas le conseiller fédéral Ueli Maurer. «Lui n’a fait que se référer à ce que la Confédération et le Conseil fédéral avaient déjà dit. En outre, on ne peut pas rompre nos relations diplomatiques et commerciales avec tous les Etats en mal avec les droits de l’homme. Il faut maintenir le contact et dialoguer.»

Il y a un an, le Conseil fédéral avait déclaré être très affecté par la mort violente du journaliste Jamal Khashoggi. Il estimait indispensable qu’une enquête immédiate fasse la lumière complète et la transparence sur les faits.

«Position très claire»

«La Suisse a adopté une position très claire et constante au fil des mois, expliquant que certaines actions sont inadmissibles de son point de vue. Si pour Ueli Maurer, «expliquer» c’est «nuancer», alors je ne peux pas le rejoindre», relève Laurent Wehrli (plr), de la commission de politique extérieure du Conseil national.

Contacté, le Département fédéral des finances d’Ueli Maurer souligne, via son porte-parole Roland Meier, que «le voyage du président de la Confédération Ueli Maurer dans la région du Golfe s’inscrit dans la poursuite du dialogue mené par la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl avec le Gouvernement saoudien à la mi-juillet dernier. A ce moment-là, l’éclaircissement des circonstances de la mort de Jamal Khashoggi ainsi que la question des droits de l’homme ont été abordées. Le président Maurer a réitéré ces positions dans ces entretiens à Riyad». Pour le reste, le département ne s’exprime pas sur les dossiers du Conseil fédéral.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus