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Don d'organes

Don d'organes. «Nous n’irons pas contre l’avis des proches»

Médecin aux soins intensifs du CHUV, à Lausanne, et président du programme latin du don d’organes, le Docteur Marco Rusca évoque son impuissance face aux patients qui décèdent faute de donneur et des espoirs qu’il place dans le passage à un consentement présumé au sens large. Interview.


Philippe Castella

Philippe Castella

27 avril 2022 à 15:08

Temps de lecture : 1 min

Comme médecin, cela doit être très frustrant de ne pas pouvoir soigner des patients comme il le faudrait faute d’organes en suffisance?

Marco Rusca: Plus que de la frustration, c’est un sentiment d’impuissance que l’on ressent en tant que médecin aux soins intensifs, lorsque la santé d’un patient se dégrade fortement ou même qu’il décède, faute d’organe pour une transplantation. Ces dernières années, les progrès de la médecine ont été spectaculaires. Aux soins intensifs, on lutte pour sauver des patients. Mais de temps en temps, on se retrouve face à une maladie qui est plus forte que nous, plus forte que les médicaments, et le patient décède.

Combien de vies pourraient être sauvées en Suisse si on disposait d’organes en suffisance?

En 2021, il y a eu 72 décès de patients qui étaient sur liste d’attente pour recevoir un organe. Ce sont des chiffres significatifs et qui concernent souvent des personnes jeunes.

72

personnes en attente de greffe sont décédées en 2021

Pourrait-on toutes les sauver?

Si on disposait des organes, ces patients-là pourraient être sauvés, en sachant que, à l’heure actuelle, il y a peu de complications à la suite d’interventions chirurgicales pour des greffes et cela grâce aux progrès scientifiques et technologiques.

Comment soigne-t-on les malades en attente d’un organe?

Les personnes qui souffrent d’une insuffisance d’un organe vital sont dirigées par leur médecin traitant vers un spécialiste. Celui-ci évalue l’état d’avancement de la maladie et décide, selon des critères stricts validés par les sociétés savantes de médecine, de l’inscrire sur une liste d’attente pour un organe. Les soins des malades avec une insuffisance d’un organe varient entre un suivi régulier par le médecin généraliste ou le spécialiste avec des traitements médicamenteux «simples» et l’admission aux soins intensifs avec des traitements plus lourds pouvant aller jusqu’à un soutien par «des machines».

Quelle est la qualité de vie de ces patients?

Leur qualité de vie diminue progressivement à mesure qu’ils perdent en indépendance. Ces patients sont de plus en plus souvent hospitalisés et leur santé se dégrade dans l’attente d’un organe. Ils ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, parce qu’ils savent qu’à tout moment la situation peut basculer vers une hospitalisation ou carrément vers le décès si l’aggravation est trop importante.

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