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Les élections fédérales de 2023

Lisa Mazzone. «Notre travail de fond a manqué de visibilité»

Avec la perte de sept sièges, Les Verts subissent de plein fouet le glissement à droite du parlement. Les explications de ce recul par la directrice de campagne Lisa Mazzone.

Lisa Mazzone (aux côtés du socialiste Carlo Sommaruga dimanche) regrette le manque de visibilité du travail de fond des Verts. © Keystone

Sophie Dupont, Le Courrier

Sophie Dupont, Le Courrier

23 octobre 2023 à 11:05

Temps de lecture : 1 min

Perdants » La chute annoncée des Verts s’est confirmée dans les urnes. Le parti écologiste perd sept sièges au parlement, selon les dernières projections. Sa force électorale passe de 13,2% à 9,2%. Le parti avait acquis 17 sièges supplémentaires au Conseil national lors des élections de 2019, lorsque les manifestations en faveur du climat battaient leur plein.

Ce dimanche, trois conseillers aux Etats sortants verts sur cinq ont été réélus: Céline Vara (NE), Maya Graf (BS) et Mathias Zopfi (GL). Le sort des sièges vaudois et genevois se jouera au deuxième tour. Réaction de la sénatrice genevoise et directrice de campagne Lisa Mazzone.

Comment expliquer ce recul des Verts? Où sont passés vos électeurs et électrices de 2019?

Lisa Mazzone: On s’achemine tout de même pour rester le deuxième plus grand groupe parlementaire vert de notre histoire, après 2019. Cette année-là, le bond que nous avions fait était du jamais-vu. Notre score était difficile à maintenir et reste élevé. Cette élection s’est déroulée dans un contexte difficile, avec des crises multiples, des guerres au niveau international et des électeurs et électrices qui ont des préoccupations immédiates, comme boucler la fin du mois. D’autre part, cela fait deux ans que notre parti est attaqué de manière systématique par l’UDC et le PLR, qui tentent de marginaliser le mouvement écologiste, en critiquant les actions des activistes du climat. Nous sommes la cible d’attaques parce que nous sommes une force de changement.

Avez-vous constaté un certain pessimisme de l’électorat face à l’urgence climatique?

Non, mais il y a eu un manque de mobilisation. Nous avons fait campagne avec la conviction de répondre à l’urgence climatique de manière socialement juste. Le problème est que nous étions le seul parti à avoir mis ce thème à l’agenda. Les canicules, les événements extrêmes sont pourtant une réalité tangible. Mais il est très difficile de mobiliser dans un contexte dominé par la peur.

Pourquoi ne vous êtes-vous pas davantage profilés sur le pouvoir d’achat et l’inflation, principales préoccupations des Suisses en 2023?

Si on ne fait pas campagne sur l’urgence climatique, notre priorité, on ne mobilise pas notre électorat! Et il y a eu tellement d’avancées au parlement qui ne seraient pas passées sans nous, comme les énergies renouvelables, la loi climat, la nouvelle définition du viol, etc. Nous avons réussi à développer un compromis pour doubler les objectifs d’énergies renouvelables dans le respect de la nature.

Cela n’a pas contribué à mobiliser votre électorat…

Comme nous ne sommes pas un parti gouvernemental, notre travail de fond a manqué de visibilité. Et nous bénéficions d’un vote jeune, qui ne se rend pas systématiquement aux urnes. Les personnes âgées de plus de 65 ans, plus conservatrices, s’étaient aussi moins mobilisées en 2019. Nos adversaires ont détourné le débat sur la forme, en ne cessant de parler des activistes climatiques. Et les médias ont peu parlé de certains sujets de fond traités au parlement, comme la loi CO2, qui s’assied sur le plébiscite populaire de juin dernier en faveur de la loi climat.

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