Lourd agenda suisse à l’ONU
La Suisse se prépare à une présidence chargée au Conseil de sécurité dès janvier
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21 décembre 2022 à 02:01
Conseil de sécurité » La Suisse présidera le Conseil de sécurité de l’ONU en mai prochain, puis en octobre 2024. L’Ukraine et d’autres situations chaudes devraient s’imposer au menu de cette présidence, tout comme pendant tout son mandat de deux ans en 2023 et 2024. Le futur président de la Confédération Alain Berset et le chef de la diplomatie Ignazio Cassis devraient se déplacer à New York.
Ce mois est «traditionnellement très chargé», a dit hier à la presse l’ambassadrice suisse à l’ONU à New York Pascale Baeriswyl. L’organe exécutif renouvelle habituellement les mandats de missions politiques ou militaires dans un certain nombre de pays. L’ambassadrice s’attend à ce que la Suisse «soit attaquée» sur la question de la neutralité.
Droit et neutralité
Berne a fait l’analyse que ce mandat était compatible avec sa politique. Sur les sanctions contre la Russie, elle a expliqué depuis des mois la différence entre le droit, qui lui impose de ne pas autoriser l’utilisation de son armement dans un conflit, et la politique de neutralité qui lui permet de les appliquer.
Au Conseil, quatre réunions sur cinq reviennent régulièrement. «Nous avons les mécanismes dont nous avons besoin» pour ce mandat, affirme le chef de la division ONU au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), l’ambassadeur Thomas Gürber.
Pendant sa présidence, la Suisse peut prévoir des discussions thématiques. Elle souhaite organiser une réunion de haut niveau sur la protection des populations civiles pendant la troisième semaine de mai, avec si possible M. Berset et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Sauf surprise dictée par l’actualité internationale, un débat ministériel doit avoir lieu le 23 mai, présidé par Ignazio Cassis. La thématique devrait porter sur les nouvelles menaces pour la paix et la sécurité, mais pourrait encore changer, dit l’ambassadrice.
Les deux conseillers fédéraux reviendront à New York en septembre pour l’Assemblée générale de l’ONU, mais il est probable qu’Ignazio Cassis siège aussi au Conseil plus tôt dans l’année, avant la présidence. En octobre 2024, le président ou la présidente de la Confédération, Viola Amherd en principe, devrait diriger à nouveau un format de haut niveau dans l’organe exécutif.
Les tâches de la Suisse au sein du Conseil commencent également à se préciser, même si des négociations entre grandes puissances doivent encore les confirmer. Parmi les certitudes, Berne fonctionnera avec le Ghana comme donneuse d’impulsion sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Elle devrait également remplir ce rôle sur l’épineux dossier de l’accès humanitaire en Syrie, sur lequel les Etats-Unis et la Russie s’étaient récemment opposés. La Suisse devrait également être membre du Comité des sanctions sur la Corée du Nord et diriger deux groupes d’experts sur ses chantiers préférentiels, dont l’un sur le climat et la sécurité. Sans oublier une fonction de référente pour la question de la faim et des conflits.
«Effort d’équipe»
La Suisse entamera son mandat comme l’un des dix membres non permanents du Conseil de sécurité le 1er janvier. Son drapeau sera hissé aux côtés de celui des autres membres le 3 janvier lors d’une cérémonie. Première discussion à suivre, une réunion sur la Syrie le 5 janvier.
Le Conseil de sécurité est bloqué depuis longtemps, par le droit de veto des grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France) sur les questions les plus chaudes. Mais Pascale Baeriswyl relève qu’il a réussi à approuver récemment un nouveau régime de sanctions, pour la première fois en cinq ans, sur Haïti. La Suisse est notamment attachée aux exceptions humanitaires dans ce type de mesures coercitives.
Elue il y a quelques mois en égalant le plus grand nombre de votes pour un Etat occidental, elle est attendue comme une faiseuse de liens entre puissances divergentes. Elle s’est préparée concrètement depuis des mois à ce rôle. «Ce sera un effort d’équipe», insiste l’ambassadrice qui prévoit «deux années intenses et riches en expériences pour préparer la diplomatie suisse sur les valeurs qu’elle veut défendre» dans un monde toujours plus incertain.
Le Conseil fédéral a établi quatre chantiers pour ce mandat qui demandera environ 25 postes supplémentaires au DFAE. Outre la paix durable, la protection des populations et la sécurité climatique, elle veut également œuvrer pour plus d’efficacité au Conseil de sécurité. ATS
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