Logo

Suisse

Economies d'énergie. l’hiver est en ligne de mire

L’approvisionnement en gaz a pu être assuré à la saison froide, notamment en raison d’une météo favorable. Mais les mesures d’économies seront reconduites l’hiver prochain


 Maude Bonvin

Maude Bonvin

21 avril 2023 à 04:01

Energie » Faites le plein de mazout et de diesel dès maintenant, au sortir de l’hiver. C’est l’appel du ministre de l’Economie, Guy Parmelin. Il s’est exprimé hier à Berne, en compagnie du conseiller fédéral Albert Rösti, à l’occasion d’une manifestation organisée par l’Alliance pour les économies d’énergie, qui compte dans ses rangs des cantons, communes, associations et entreprises.

Le Vaudois craint tout particulièrement une sécheresse cet été qui ferait baisser le niveau du Rhin sur lequel sont transportés pétrole et carburants vers la Suisse. Il concède cependant que la situation sur le plan énergétique s’avère meilleure que l’an dernier.

Nombreuses incertitudes

Reste que de nombreuses incertitudes demeurent pour l’hiver prochain, notamment la disponibilité des centrales nucléaires françaises, alors que l’Allemagne a tiré la prise atomique samedi passé. Durant la période hivernale, la Suisse importe de l’électricité, et elle en exporte en été.

Pour ce printemps, l’Office fédéral de l’énergie (Ofen) se montre confiant. La Confédération ne devrait pas avoir besoin d’utiliser les centrales à gaz de réserve, la situation sur le front de l’approvisionnement s’avérant stable. Pour pallier des situations exceptionnelles de pénurie de courant, le Conseil fédéral a aussi mis sur pied une réserve hydroélectrique et mobilisé des groupes électrogènes de secours.

«Nous devrons toutefois continuer à faire des économies», a prévenu le ministre de l’Energie Albert Rösti. Le Conseil fédéral a repris l’objectif de l’Union européenne (UE), sur une base volontaire, de réduire de 10% la consommation d’électricité en novembre et décembre prochain par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Aux yeux de son collègue Guy Parmelin, la facture électrique, qui prendra l’ascenseur, représentera un levier important pour parvenir à ce but.

Albert Rösti a, quant à lui, rappelé que les mesures d’économie restent moins onéreuses qu’une situation de pénurie. Une telle situation représenterait des milliards de francs de perte pour l’économie. Selon lui, à long terme, la décarbonation s’impose, ce qui nécessite de mettre en place d’autres mesures d’efficacité énergétique.

Sans réduire le confort

Le conseiller fédéral bernois se montre toutefois sceptique quant à la sobriété énergétique, synonyme de perte de prospérité et de bien-être à ses yeux. Pour Guy Parmelin aussi, il existe encore des possibilités d’économiser l’énergie sans réduire le confort.

Côté production, Albert Rösti appelle à agir sur trois volets: l’éolien, le solaire et l’hydraulique. «Les projets en ce sens prendront toutefois une dizaine d’années», a-t-il averti. Or le temps presse. En l’absence d’accord sur l’électricité, la Suisse risque d’être de plus en plus isolée sur le marché européen.

L’hiver dernier, il n’y a pas eu de pénurie d’électricité. Guy Parmelin a néanmoins fait remarquer qu’un tel risque représentait une réelle inquiétude l’an passé. Et de préciser que la saison hivernale très douce y est pour beaucoup. Au quatrième trimestre 2022, la consommation d’électricité s’est repliée de 7,2%, selon l’Ofen.

Météo clémente

Sur l’ensemble de l’année, cette consommation a reculé de 1,9% pour s’établir à 57 milliards de kilowattheures (kWh). Cette baisse correspond aux besoins annuels de 220 000 ménages.

Au côté d’une météo clémente, les appels à économiser l’énergie tout comme l’amélioration de l’efficacité énergétique expliquent aussi cette diminution, d’après l’Ofen. Entre octobre dernier et fin mars, les économies d’électricité ont atteint quelque 1250 gigawattheures (GWh), ce qui équivaut à la consommation annuelle du canton de Bâle-Ville. Cela ne représente toutefois que 40% de l’objectif visé au niveau des économies d’électricité.

Cornaux au repos

Conséquence de l’absence de pénurie: la Confédération n’a pas eu recours aux centrales à gaz de réserve situées à Birr dans le canton d’Argovie, à Cornaux dans le canton de Neuchâtel et à Monthey en Valais.

L’installation neuchâteloise, exploitée par Groupe E, peut produire l’équivalent de la consommation de 44 000 ménages par an. En fonction depuis plus de cinquante ans, elle fait office de centrale de secours ou d’appoint depuis 1973. Le coût de sa mise à disposition de la Confédération, sur toute la durée du contrat jusqu’en 2026, s’élève à 9,15 millions de francs environ.

La centrale de Cornaux peut être activée par la Confédération durant les mois de février, mars et avril de cette année. Elle sera aussi disponible durant la période de janvier à avril pour les années 2024 à 2026.

Le reste de l’année, l’installation se trouve au service de Swissgrid, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, qui peut la solliciter en appoint pour assurer la couverture des besoins en courant, par exemple lorsqu’une partie de la production n’est pas disponible (panne ou maintenance d’une centrale électrique) ou si un pic devait survenir subitement dans la demande en électricité. Depuis 2010, elle a ainsi fonctionné durant 125 heures au total, produisant en tout 11 GWh, dont 0,5 GWh en 2022.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus