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Suisse

Prévention des incendies. Le Münster de Berne au diapason de Notre-Dame de Paris

Le drame de Notre-Dame a incité la collégiale Saint-Vincent, à Berne, à revoir sa protection incendie. L’installation électrique vétuste de son clocher vient d’être refaite, avec les bons conseils de spécialistes français.

Les cloches de la tour de la collégiale de Berne ont dû être mises en veilleuse durant dix jours, le temps d’assainir leur système de commande électrique désuet. L’une des cloches, d’une masse d’environ 10 tonnes, est la plus grande de Suisse. © Keystone

Pascal Fleury

Pascal Fleury

3 mars 2024 à 11:35

Temps de lecture : 1 min

Le choc absolu de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, avait alerté la planète entière, amenant d’innombrables responsables de diocèses à s’inquiéter du niveau de protection de leur cathédrale respective. A Fribourg, le sacristain Pierre Feraut avait aussitôt rassuré le public: «Vous pouvez dire aux lecteurs de ne pas s’inquiéter: plus sécurisé, on ne peut pas!» Il avait toutefois précisé que même si l’édifice gothique fribourgeois, construit entre 1283 et 1490, était bien équipé pour prévenir tout incident, «le risque zéro n’existe pas» (La Liberté du 17 avril 2019).

A Berne, en revanche, le terrible incendie parisien avait donné des sueurs froides. C’est que la collégiale Saint-Vincent, dont la flèche de 100,6 mètres est la plus haute de Suisse, avait déjà connu un début d’incendie dû à un moteur désuet en 2008, dans une chaufferie située au sous-sol de l’édifice. L’incident avait heureusement été rapidement découvert et maîtrisé.

Face à l’ampleur du drame de Notre-Dame, la Paroisse évangélique réformée générale de Berne, propriétaire des lieux, a aussitôt décidé de prendre les choses en main, avec le concours des responsables de la fondation Berner Münster-Stiftung. L’hypothèse d’un court-circuit ayant été évoquée dans le cas de la cathédrale française, les installations électriques bernoises ont été contrôlées et des mesures de protection prises. Les portes ont été équipées de coupe-feu, les tours dotées de planchers intermédiaires destinés à stopper les flammes, des détecteurs d’incendie supplémentaires installés.

Clocher assaini

C’est dans le cadre de ce vaste assainissement, que le système de commande des cloches a été remplacé ces deux dernières semaines. Hautement moderne, il permet «un réglage précis de l’angle d’oscillation des cloches, afin d’adapter de manière optimisée l’intensité de butée des marteaux et d’optimiser l’expérience sonore», communique la Paroisse évangélique réformée. Durant les travaux, les cloches ont été mises en veilleuse.

Le carillon de la collégiale de Berne est composé de sept cloches oscillantes et de deux braillards. La plus ancienne cloche, la «cloche d’argent», est datée de 1356, la plus massive, qui pèse 10 tonnes, est la plus grande de Suisse. Elles proviennent de fonderies distinctes et de sept siècles différents, sont considérées comme des chefs-d’œuvre de fonderie et de son, résonnant musicalement en excellente harmonie. Jusqu’en 1944, elles étaient actionnées à la main, ce qui requérait une équipe de 19 personnes. L’électrification du carillon a été réalisée à la suite d’un accident mortel survenu au réveillon du jour de l'an 1943. Un sonneur fut alors frappé par un marteau.

Experts français

Pour sa protection, le Münster, construit à partir de 1421 mais achevée seulement en 1893, a pu bénéficier des leçons tirées de l’incendie de la cathédrale de Paris, qui ont débouché sur de nombreuses publications scientifiques et encouragé des rencontres professionnelles fécondes au-delà des frontières linguistiques. Maître d’œuvre de la collégiale bernoise, l’architecte Annette Loeffel, qui a été nommée en septembre 2022 à la présidence de l’Association européenne des architectes de cathédrales, a pu ainsi échanger avec de nombreux spécialistes. Vendredi, la présence à Berne d’une délégation d’experts français, dont le spécialiste des monuments historiques Régis Martin, en témoignait.

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