Les moutons face au loup
Les troupeaux sur les pâturages d’altitude sont-ils mieux protégés par la présence de bergers, de chiens et de clôtures, ou par le tir de davantage de prédateurs?
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga défend la facilitation de l’abattage du prédateur
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Pierre-André Sieber et Philippe Boeglin
21 août 2020 à 23:30
Nature » L’an passé, quelque 80 loups étaient recensés dans nos contrées. Cela ne fait pas plaisir à certains éleveurs, et provoque des sueurs froides parmi les habitants des régions de montagne. Le 27 septembre, le peuple votera sur une facilitation du tir préventif. Selon le sondage SSR/gfs.bern de ce vendredi, 54% des citoyens soutiennent le projet. Entretien avec la ministre de l’Environnement, la socialiste Simonetta Sommaruga.
A-t-on vraiment besoin de cette nouvelle loi sur la chasse pour réguler les loups? Les textes actuels le permettent déjà…
Simonetta Sommaruga: Le nombre de loups augmente en Suisse et cela accroît les conflits entre éleveurs et défenseurs de la nature. Pour les paysans et les bergers dont les troupeaux ont subi des attaques, c’est une situation difficile. La nouvelle loi offre une voie pragmatique pour résoudre les conflits. Elle assure que le loup conserve son statut d’espèce protégée. Par contre, si l’on constate qu’il ne craint plus l’homme, qu’il s’approche des villages ou qu’il essaie de contourner les mesures de protection des troupeaux, le canton pourra – par l’intermédiaire des gardes-chasses uniquement – intervenir dans les meutes.
Le loup tue chaque année entre 350 et 500 moutons et chèvres, ce qui paraît relativement peu par rapport aux 4200 ovins qui périssent de causes naturelles. N’est-ce pas trop en faire que de vouloir à tout prix réguler ce prédateur?
Pour les gens concernés, les dégâts que causent certains loups ne sont pas mineurs. J’ai parlé encore avant-hier avec une bergère et pour elle, c’est existentiel de pouvoir intervenir quand son troupeau est menacé. Le débat est aussi très émotionnel car ce sont leurs animaux et ils y tiennent. Si vous avez vu une fois comment un loup tue des moutons, vous comprenez pourquoi le carnage suscite une forte réaction. Mais cette loi ne donne pas le champ libre aux cantons. Elle fixe des conditions très strictes. Si une meute de loups ne s’approche pas de villages ou de troupeaux de moutons, on ne peut pas intervenir. Avant un tir de régulation, chaque canton doit consulter la Confédération pour voir si les conditions sont remplies. Et les organisations de protection de la nature ont toujours le droit de faire recours.
Ne se focalise-t-on pas trop sur le loup? Les chiens aussi s’attaquent aux ovins, alors pourquoi ne les fait-on pas abattre?
Il serait cynique de laisser les ovins succomber aux attaques du loup, sous prétexte que la majorité d’entre eux décède d’autres causes. Avec cette loi, nous n’intervenons que là où il y a un conflit.
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Les troupeaux sur les pâturages d’altitude sont-ils mieux protégés par la présence de bergers, de chiens et de clôtures, ou par le tir de davantage de prédateurs?