Matériel médical. Le Conseil fédéral doit appliquer au plus vite un mandat du parlement
Pour éviter tout risque de pénurie, la Suisse devrait reconnaître le matériel homologué aux Etats-Unis qui compense celui qui arrive au compte-gouttes de l’UE
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12 décembre 2023 à 09:20
Dispositifs médicaux » Employant 67’500 personnes en Suisse, les quelque 1400 entreprises actives dans la technologie médicale en ont assez du ralentissement des affaires provoqué par le refus de l’accord-cadre institutionnel en juin 2021. Cette rupture a eu pour conséquence que le matériel de cette branche, indispensable aux secteurs des soins, a perdu la reconnaissance automatique (Accord de reconnaissance mutuelle) dans l’Union européenne (UE). Regroupant les entreprises de la branche, Medtech Suisse brandit une ardoise de plus de 200 millions de francs résultant de l’enlisement administratif provoqué par cette situation qui oblige à trouver un mandataire dans l’UE pour écouler son matériel. Une alliance vient d’être réanimée avec les voisins autrichien et allemand pour regrouper les forces. Interview du président Beat Vonlanthen, ancien sénateur, qui cédera son fauteuil en mai 2024 à Damian Müller, conseiller aux Etats (plr/LU).
L’alliance que vous avez réanimée avec l’Allemagne et l’Autriche va-t-elle atténuer le fait que les dispositifs médicaux suisses ne bénéficient plus de la reconnaissance automatique dans l’UE?
Beat Vonlanthen: Hélas non! L’alliance des trois associations Medtech Suisse, Allemagne et Autriche en soi n’y change rien. Le commerce réciproque sans barrières de dispositifs médicaux entre la Suisse et l’UE a été perdu le 26 mai 2021 avec l’interruption des négociations sur l’accord-cadre institutionnel entre la Suisse et l’UE.
Vous voulez dire que, depuis deux ans et demi, ce commerce réciproque est toujours enlisé?
Depuis cette rupture, les deux parties se heurtent à des obstacles bureaucratiques. Cependant, les trois associations de Suisse, d’Autriche et d’Allemagne peuvent s’unir pour attirer davantage l’attention des responsables politiques et des décideurs, ainsi que du public, sur l’importance cruciale d’un commerce fiable et non compliqué des dispositifs médicaux pour les soins aux patients et l’industrie.
Les obstacles administratifs nés de la rupture avec Bruxelles coûtent de l’argent aux Medtech suisses. Combien en tout?
Oui, c’est vrai. La branche suisse de la technologie médicale a dû investir initialement environ 114 millions de francs et puis 120 autres millions par an pour la conversion, concrètement trouver un partenaire dans l’UE et étiqueter les produits! Ces coûts bureaucratiques sont toutefois supportables pour l’ensemble du secteur.
Ces millions de francs sont-ils perdus pour l’innovation?
Ces francs perdus auraient été mieux investis dans l’innovation, c’est sûr. De plus, les coûts bureaucratiques ne sont que la petite pointe de l’iceberg. La perte d’attractivité de la place helvétique coûte bien plus cher. Il est malheureusement impossible de chiffrer ce qui n’a pas abouti en raison de l’insécurité juridique et de la bureaucratie: les investissements qui n’ont pas été réalisés en Suisse. Des embauches qui n’ont pas eu lieu dans notre pays. Des innovations qui n’ont pas été réalisées parce que de l’argent a été dépensé pour la bureaucratie. Des entreprises extra-européennes qui n’ont pas établi leur siège principal en Suisse, mais dans un pays de l’UE et j’en passe!
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