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Suisse

«Je ne suis pas un politicien du tout»

Avant de quitter la politique, Fathi Derder sort un livre où il croque avec humour la faune parlementaire

Legende.

 Philippe Castella

Philippe Castella

16 avril 2019 à 21:28

Publication » Après huit ans au Conseil national, Fathi Derder tirera sa révérence cet automne. Le libéral-radical vaudois célèbre ce départ en publiant un livre caustique, Les petits secrets du palais, ou La politique suisse pour apprentis démocrates (Ed. Slatkine). Il y croque les petits travers du parlement et de toute la faune qui gravite autour. Il s’attarde sur des débats qui l’ont fait sourire, tels que ceux sur les fientes de cygnes ou le célibat du lapin. Un ouvrage plein d’humour qui s’inscrit dans la foulée des chroniques que ce journaliste de formation a tenues dans Le Matin, puis dans Le Temps. Interview.

Sur 200 pages, vous critiquez avec beaucoup d’humour la faune parlementaire. Pourtant votre ouvrage se termine sur une déclaration d’amour à notre système politique. N’est-ce pas paradoxal?

Fathi Derder: L’ensemble du livre est traité sous l’angle de l’humeur. C’est un choix éditorial. Je mets le doigt sur les petits travers, mais avec beaucoup de tendresse. J’ai beaucoup d’admiration pour le système politique suisse qui marche remarquablement bien, mais qu’il faut préserver des coups de boutoir auxquels il est soumis par les poussées de populisme, beaucoup à droite et un peu à gauche.

Vous reprochez tout de même au parlement son immobilisme en matière d’innovation et de révolution numérique…

Ce n’est pas une question de fonctionnement du parlement, c’est une question de manque d’intérêt des élus pour une cause qui n’est électoralement pas porteuse du tout.

En huit ans, avez-vous eu l’impression d’avoir pu faire bouger le curseur dans ces deux domaines qui sont vos dadas?

Ce ne sont pas mes dadas, mais des éléments essentiels pour notre pays. Et je suis content de l’évolution qu’il y a eue dans ces domaines. Quand je suis arrivé, on en était au degré zéro. Et très franchement, le ministre de l’Economie à ce moment-là, Johann Schneider-Ammann, ainsi que d’autres, a montré beaucoup de sensibilité pour cette thématique. Ensemble, on a pu bien avancer.

Il y a beaucoup de tendresse dans vos critiques, sauf lorsque vous vous en prenez à Christoph Blocher et à ses héritiers, Magdalena Martullo et Roger Köppel. Eux ne vous font pas rire du tout?

Non, pas du tout effectivement. C’est vraiment une source d’inquiétude pour moi de voir que le premier parti de Suisse n’a qu’un seul objectif, c’est de casser les institutions. Au nom du patriotisme, ils sont en train de s’attaquer à ce qui fait la force du pays. Ils sont systématiquement de mauvaise humeur et je me demande pourquoi ils cherchent à siéger dans une institution qu’ils méprisent au plus haut point.

L’UDC constitue-t-elle une menace pour notre système politique?

Oui, clairement. La force de notre système, c’est la capacité à se mettre autour d’une table pour chercher un consensus. Ce n’est pas du tout un objectif à l’UDC. Ses élus n’ont qu’une intention, c’est d’aboyer leurs dogmes puis s’en aller en claquant la porte si tout le monde n’est pas d’accord avec eux. Au populisme de droite qui a émergé dans les années 1990 a répondu un populisme de gauche qui n’est pas très constructif non plus, même si le PS cherche encore de vraies solutions de consensus.

Christian Levrat a dit sur Twitter qu’il trouve votre livre «féroce et drôle», mais il vous reproche d’avoir siégé «plus en éthologue qu’en politique». Ne frappe-t-il pas juste?

Il m’a dit qu’il avait ri toute la nuit après avoir lu mon livre et c’est très sympa de sa part. Pour le reste, je l’ai toujours dit moi-même: je n’ai jamais été un politicien de carrière. Je ne suis pas un politicien du tout en fait, juste un citoyen très engagé. Je suis journaliste avant tout et j’ai écrit un ouvrage d’observation et de reportage, pas un livre d’engagement politique. Mais je me suis énormément engagé sur les thèmes qui sont les miens, à savoir la formation, la recherche, l’innovation, la science et le transfert de technologies. L’un n’exclut pas l’autre.

A quoi ressemblera votre vie après la politique?

Elle est en construction, mais je n’ai pas envie de bâcler la fin de mon mandat. J’ai lancé plusieurs projets qui me tiennent à cœur. Je verrai lesquels je prendrai à bras-le-corps en décembre. Il devrait y avoir au moins une part d’engagement médiatique. Mais j’ai envie d’explorer d’autres pistes comme le soutien à la création d’entreprises basées sur les résultats de recherches de nos hautes écoles.

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